Pays leader mondial dans la production de cannabis, le Maroc a adopté jeudi un projet de loi autorisant un usage “médical, cosmétique et industriel” du cannabis, ouvrant la voie à la légalisation de son usage thérapeutique sur son territoire. Le texte, qui vise à encadrer sa production, attend d’être validé par le Parlement.
Le but est de “reconvertir les cultures illicites destructrices de l’environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d’emploi”, selon le texte. “C’est la fin d’un tabou politique, l’aboutissement d’une dynamique lancée il y a une dizaine d’années au plus haut niveau de l’État”, estime le sociologue Khaled Mouna.
L’enjeu est de taille pour ce pays d’Afrique du Nord classé premier producteur mondial de résine de cannabis (haschich) par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) dans son rapport 2020.
Il suffit de se promener sur les routes du Rif, dans le nord du pays, pour voir de vastes étendues de champs soigneusement cultivés et irrigués, en toute illégalité.
L’Europe, un « marché cible » pour Rabat
Le Maroc table sur le “développement soutenu” du marché mondial du cannabis médical, avec des prévisions de croissance moyenne annuelle de l’ordre de 60 % en Europe, son “marché cible”, selon une note du ministère de l’Intérieur. Les professionnels estiment à 1 milliard de dollars (840 millions d’euros) le marché du cannabis légal en Europe.
Le projet de loi a été présenté “moins de trois mois après la décision des Nations unies de retirer le cannabis de la liste des drogues les plus dangereuses”, débloquant ainsi l’usage thérapeutique de cette plante psychoactive, souligne Khaled Mouna.
[…]France 24 / AFP