140 maisons roses, ceintes de jardinets proprets, voici le décor de la cité-jardin Ungemach, à deux pas du Parlement européen de Strasbourg. Derrière cet engageant décor se jouait depuis 1924 une expérience aux limites de l’eugénisme. Trois raisons de voir ce documentaire en replay.
Cela débute comme une sorte de dystopie idyllique. Un petit quartier formé de maisons modernes pour l’époque, toutes identiques et de couleur rose saumoné. Des maisons avec jardins, un cadre idéal pour accueillir des familles épanouies. Une affiche de propagande promettant des jours meilleurs cinq ans à peine après la fin de la Première guerre mondiale. Sauf que derrière cette image d’Epinal de bonheur familial se cache une réalité qui fait froid dans nos dos.
(…) Bien sûr, les fondateurs du quartier ont édicté quelques règles pour choisir les occupants de leur cité du bonheur. L’un des occupants se remémore : “le bail stipulait qu’ils [les couples, ndlr] s’engageaient à avoir des enfants, au minimum trois, et à quitter les lieux quand le plus jeune des enfants aurait 21 ans.” Un simple alinéa de bail ? “Il y avait un règlement très strict: il fallait tailler les haies deux fois par an… les gens qui les laissaient un peu à la sauvage, ils étaient rappelés à l’ordre“. Ou expulsés à l’issue de contrôles réguliers. Si le nombre d’enfants minimum n’était pas atteint, si les règles de vie de quartier n’étaient suivies à la lettre, pas de quartier pour les récalcitrants. Dehors.