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23/03/2021

Devant les assises du Finistère, l’éducatrice d’Idrissa Moumouni Dadaou a livré le « récit de vie » du jeune Nigérien. Marqué par de multiples deuils, il paraît fonctionner en mode survie. Il est accusé du viol d’une jeune fille, en août 2019, à Brest.

Dans un long récit, précis et professionnel, marqué aussi par beaucoup d’empathie pour l’accusé, l’éducatrice de la Protection judiciaire de la Jeunesse a raconté le parcours d’Idrissa Moumouni Dadaou à partir de son arrivée en France, en décembre 2017. Elle le décrit comme « un adolescent très attachant, très en demande d’aide ». L’aide sociale à l’enfance l’a parallèlement pris en charge, lui, le mineur isolé passé par le Soudan et la Libye, où il aurait, selon ses dires, pu devenir enfant soldat.

Sous l’égide la PJJ, il démarre une formation de crêpier en septembre 2018.(…) Il débute un stage à « l’Auberge de la crêpe », à Brest. Sa patronne est emballée par le travail du jeune homme. (…) En 2018, son père décède d’une septicémie. « Idrissa va très mal. Il fait une chute de trottinette et se fracture la clavicule ». Il ne peut continuer son travail au sein de la crêperie.

Le 23 mars, son frère meurt lors d’une attaque de Boko Haram. Idrissa Moumouni Dadaou débute un suivi psychiatrique. Il s’implique dans un atelier philosophie. « Il est toujours préoccupé par les autres jeunes, toujours régulateur dans les activités de groupe », témoigne son éducatrice (…) Le 6 mai, il apprend la mort de ses deux demi-frères, dans l’explosion d’un camion-citerne qui fait 50 morts, à Niamey. (…)

Les faits dont il est accusé surviendront dans la nuit du 10 au 11 août 2019. « Pour notre service, c’est comme si le fils de la maison allait en prison. (…) Lors d’un face-à-face tendu avec lui, au cours duquel elle lui rappelle les expertises ADN, irréfutables, il lui dit : « Oui c’est moi qui l’ai fait. Dis à tout le monde à la PJJ que je suis désolé ». Il s’excuse, mais, paradoxalement, maintient que la relation sexuelle était consentie. Verdict ce mardi soir.

Le télégramme

22/03/2021

Un jeune Nigérian comparaît, depuis ce lundi, devant les assises du Finistère.

Amélie (*) venait d’avoir 18 ans. Cette nuit du 10 au 11 août 2019, avec une dizaine d’amis elle passe la soirée dans une discothèque (…) Un de ses collègues qui la ramenait à son domicile perd sa trace après être allé chercher de l’eau. Le lendemain, elle se rend au commissariat. Elle raconte un rapport sexuel forcé, contre un banc. Ses seuls souvenirs, c’est la douleur, et le sentiment de ne pas comprendre ce qui se passe. Elle raconte à la barre : « Je lui demandais d’arrêter. Il me disait qu’il n’avait pas fini ».

Le sperme recueilli sur les vêtements permet de confondre Idrissa Moumouni Dadaou. Ce jeune Nigérian aurait été enfant soldat en Libye avant d’arriver en France et fait l’objet d’une mesure de suivi judiciaire depuis une condamnation par le tribunal pour enfants. Il nie catégoriquement les faits, dit qu’il était à Paris. Il réfute les expertises ADN. 

En matinée, Elisa (*) a témoigné. En février 2019, elle avait 16 ans (…) et croise l’accusé. Ils ont un petit flirt. Il l’invite dans son appartement. « Il a les mains baladeuses. Je le recadre. Il continue à forcer. Je lui dis je n’ai pas envie. Il s’accroche très fort, me donne des coups dans les côtes. Il s’est frotté à moi, en me tenant très très fort. J’avais des marques au cou, sur les côtes, sur le dos… ». Par la suite, il la relance sur les réseaux sociaux : « De toute façon, tu n’as pas à enlever mes mains. Si je veux te toucher, je te touche », lui écrit-il.

(*) prénoms modifiés

Le télégramme

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