Le roman de Jeanine Cummins, American Dirt, a été un best-seller. Un million d’exemplaires vendus. La romancière Sandra Cisneros a dit que c’était “the great novel of Las Americas”. Et, en effet, il raconte l’odyssée d’une libraire sud-américaine et de son fils, fuyant les cartels de la drogue vers la terre promise états-unienne. Dans ce cas-là aussi, on ne peut pas faire plus politiquement correct. Mais il y a un hic : Jeanine Cummins n’est pas d’origine centre-américaine. Elle n’est pas “latina”. La militante Myriam Gurba est montée au créneau : “C’est de la littérature de justice sociale faux-cul, ça me fait bouillir le sang”. Et le mot est lâché : “appropriation culturelle”. Une auteure blanche n’est pas légitime à écrire sur le malheur des Latinos. On atteint le comique involontaire, lorsque Jeanine Cummins croit se justifier en arguant qu’une de ses grands-mères était portoricaine… Un seul quartier de noblesse. Insuffisant aux yeux de ses détracteurs. Elle demeure racialement inadéquate pour évoquer les malheurs des Latinos.
Toutes les maisons d’édition ont récemment dû embaucher des “_sensitive readers_“ appartenant aux minorités ethniques et sexuelles pour éplucher les textes qu’ils s’apprêtent à publier. Ils traquent tout ce qui pourrait être jugé “offensants” par les nouveaux censeurs. […]
Qui aurait imaginé que la nouvelle gauche américaine tourne ainsi le dos aux idéaux libertaires de ses prédécesseurs ? […]