La sociologue, dont les travaux de recherche sur l’islamophobie font beaucoup parler, est loin de faire l’unanimité.
La procédure de désignation du successeur d’Olivier Duhamel à la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) s’est accélérée. Trois candidats ont été auditionnés le 12 mars dernier: le politologue Pascal Perrineau, l’économiste Romain Rancière, et la sociologue Nonna Mayer. Et cette dernière fait figure de favorite, si l’on en croit les témoignages de ceux qui s’agitent, en coulisses. «Les dés sont complètement pipés, les autres candidats n’ont aucune chance. Elle était dans les tuyaux depuis le départ. C’est la favorite de Louis Schweitzer, le président par intérim», lance un enseignant historique de l’institution.
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Inconnue du grand public, Nonna Mayer, 73 ans, a fait parler d’elle il y a deux semaines, par le biais de l’Observatoire du décolonialisme, qui a souligné ses nombreux travaux de recherche sur «l’islamophobie» et les «concepts de genre et de race en sociologie». «Cette perspective de nomination renforce le sentiment non plus d’une dérive idéologique, mais d’une prise en main de l’institution», accuse l’Observatoire lancé en 2020 par Xavier-Laurent Salvador, maître de conférences à Paris-13. Ce dernier rappelle qu’en 2019, dans une interview accordée à Libération, la chercheuse déclarait: «Ceux qui ont une aversion à l’égard d’un certain nombre de pratiques de l’islam, contrairement à ce qu’ils disent, ce n’est pas au nom de la défense des femmes, des gays, de la laïcité, c’est exactement l’inverse: plus on est hostile à l’islam, plus on est hostile aux femmes, aux gays, etc.»
Au sein de la grande école, nombre d’enseignants ne comprennent pas cette potentielle promotion. «Nommer une personne qui a contribué à mettre le concept d’islamophobie au cœur du débat public serait un symbole médiatique et politique très inquiétant dans le contexte actuel de l’école, qui est depuis quelques mois traversée par une montée des thèses racialistes et décolonialistes», témoigne un haut fonctionnaire qui enseigne également à Sciences Po Paris. «Dans le cadre du débat actuel sur l’islamo-gauchisme, ce serait une prise de position assez claire de l’école. Cela rajouterait une couche aux polémiques dont l’institution a été victime ces dernières semaines», renchérit un autre enseignant.