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Un « culpabilisateur » pour l’historien Jean Sévillia, un « marchand de mémoire » pour le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, ou encore un « prêtre de la décolonisation » pour le journaliste Dominique Jamet : les épithètes sévères ne manquent pas pour désigner Pascal Blanchard. À 56 ans, l’historien, également documentariste et chercheur au CNRS, a fait de la colonisation son principal sujet de recherche.
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Historien bruyant, Pascal Blanchard dirige plus discrètement une agence de communication : Les Bâtisseurs de mémoire. Surpris qu’on s’intéresse à cette activité, il se contredit. Agence de communication ? Connotation trop commerciale, lui préfère l’appellation « conseil historique et muséographique » . Pour les sceptiques, il nous enjoint de regarder son site Internet. « Notre agence de communication historique révèle le patrimoine de votre entreprise », y lit-on. Loin de la recherche historique, la priorité de l’établissement s’affiche sans détour : « Les Bâtisseurs de mémoire travaillent avec pour objectif permanent : le retour sur investissement. » Mal à l’aise, Pascal Blanchard ripoline les mots : « La rentabilité, c’est pour les entreprises pour lesquelles on travaille. »
Un sens du verbe qui a séduit Saudi Aramco. Institution en Arabie saoudite, ce géant industriel détenu à 100 % par l’État wahhabite extrait 95 % du pétrole du pays. Pour les 75 ans de la multinationale, en 2008, Les Bâtisseurs de mémoire ont créé une exposition pour « mettre en lumière la continuité entre passé, présent et futur ». Longtemps esclavagiste, le royaume n’a aboli ce système qu’en 1962. Mais encore aujourd’hui, il est régulièrement accusé par des ONG pour son manque de sévérité vis-à-vis de cette pratique barbare. « L’esclavage n’est pas un sujet simple à aborder, avoue Pascal Blanchard, mais dans tout ce que j’ai écrit, rien n’a été retiré. » Curieusement, après les échanges entre Valeurs actuelles et l’historien homme d’affaires, toute trace de cet événement a été supprimée du site Internet de l’agence…
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Communicant proche du milieu politique de gauche et même faux prophète. En 2017, un mois après l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, Pascal Blanchard prédisait sur un plateau : « Quand un pouvoir populiste prend le pouvoir, il ne le rend jamais. » Rattrapé par le réel et contredit par les faits, il avoue depuis que l’ancien président américain « est la démonstration inverse » de ce qu’il avançait ce jour-là. Malgré cette erreur, l’historien militant revendique être « totalement neutre » quand il fait son métier. Puis dans un “en même temps” macronien, il concède : « On peut se revendiquer neutre et ne pas totalement l’être. »
Merci à Kerviler