Ils croyaient trouver l’Eldorado en France mais aujourd’hui beaucoup d’immigrés clandestins se retrouvent à errer dans les rues de Perpignan. La plupart sont maghrébins mais depuis un an beaucoup d’entre eux arrivent d’Algérie. La majorité d’entre eux sont des jeunes hommes entre 18 et 40 ans. Tous fuient la pauvreté, le chômage ou bien aspirent à plus de liberté dans l’espoir d’un avenir meilleur. Reportage de France 3 Occitanie.
Dans leur pays, on les appelle les « Harragas ». En arabe cela veut dire « les brûleurs » ou « ceux qui brûlent… les frontières. Une référence à Tariq ibn Ziyad qui débarqua en l’an 711 à Gibraltar à la tête d’une armée d’environ 12 000 hommes venue d’Afrique du Nord. Selon la légende, le chef militaire ordonna à ses soldats de brûler tous leurs navires afin de ne pas faire demi-tour. […]
Pour Djilali, son arrivée sur le sol européen n’est qu’une étape. Reste à rejoindre la France. Pour cela, il doit passer inaperçu au maximum et éviter les contrôles de la Guardia Civil. Car beaucoup de migrants fraîchement débarqués se font arrêter. Plus de 11 000 en 2020 sont passés par les centres de rétention. Mais les autorités espagnoles lâchent du lest. Les Algériens sont même encouragés à “filer vers la France”, selon le témoignage de certains Harragas. […]
« C’est peut-être un peu notre faute à nous les Franco-Algériens. Quand nous allons au bled en vacances, nous avons des euros plein les mains. Il y en a certains même qui friment avec cet argent. Alors tout le monde en Algérie croit qu’on réussit facilement en France. Mais c’est loin d’être le cas. Heureusement que la plupart passant par Perpignan repart vers Paris ou d’autres grandes villes» déclare Fatouma de l’association « Au coeur de l’Humanité 66 ».
Les seuls migrants sans papier pris officiellement en charge sont les mineurs en vertu de la charte des droits de l’Enfant. […] Certains ont la bénédiction des parents. Tamir aujourd’hui à 16 ans. Il est arrivé à Perpignan en 2018. Il est l’ainé d’une fratrie de 6 enfants. […]
Même s’il y en a de plus en plus, les candidats au retour sont loin d’être nombreux. La France confrontée à cet afflux migratoire est sensible aux difficultés du peuple algérien. Mais lui venir en aide tout en oubliant notre passé colonial est pour l’instant une équation difficile à résoudre. Les mémoires de part et d’autre de la Méditerranée ne sont pas encore réconciliées. […]