Dans son éditorial, Le Monde estime que les élections régionales et départementales des 20 et 27 juin seront révélatrices de la physionomie politique du pays « réel », et pourraient voir s’accroître la pression de l’extrême droite.
Ces élections ne préfigurent pas nécessairement le match à venir, mais peuvent en donner les clés, si l’on tient compte de quelques spécificités prévisibles. La première est que les élections territoriales intermédiaires sont bien souvent, et même systématiquement depuis des décennies, l’occasion de signifier son opposition à la majorité présidentielle en place. […]
Deuxième différence : la distorsion entre une élection présidentielle dont tous les sondages prédisent un second tour entre le président sortant et Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, et des élections territoriales qui reproduisent majoritairement, comme on l’a vu lors des élections municipales de 2020, une bipolarisation droite-gauche, du moins en ce qui concerne les exécutifs locaux. […]
Du côté de la gauche, le paysage est fragmenté. […] A droite, ces élections pourraient avoir un effet déflagrateur. […]
La pression de l’extrême droite risque de se faire encore plus fortement sentir, au point, peut-être, d’être en mesure de remporter un exécutif régional, ou de peser de manière déterminante pour la formation d’une majorité départementale. Quelle attitude la droite républicaine adoptera-t-elle alors ? Les digues paraissent de plus en plus fragiles. En 1998, la droite s’était fracturée sous l’effet des pactes noués par certains de ses élus régionaux avec l’extrême droite. A l’orée de la campagne pour l’élection présidentielle, l’enjeu national d’une recomposition politique risque donc bien de dépasser la portée locale de ces élections départementales et régionales.