Aziz Zemouri, Journaliste à Le Point :
La Grande Mosquée de Paris, financée par l’Algérie, adoubée par Emmanuel Macron et le Ministère de l’Intérieur, comme chef de file de l’islam consulaire crée une instance disciplinaire dite « commission de notoriété » pour empêcher toute critique de son institution.
A la tête de cette commission de censure le « recteur » Chems-eddine Hafiz a placé Mohamed Louanoughi, né le 24/04/1954 à Alger. Selon une note des Renseignements de la Préfecture de Police, il est fiché au FPR (Fichier des personnes recherchées) comme « individu en contact avec les services de renseignement étrangers ».
La commission de censure vise à faire taire les « membres de l’association (gestionnaire de la Mosquée ndlr) qui se trouveraient suspectés de participer à des actions calomnieuses et diffamatoires portant gravement préjudice à l’institution »
Elle vise à faire taire ceux qui remettent en cause le putsch du tandem Chems-eddine Hafiz et Mohamed Louanoughi, ainsi que ceux qui critiquent la gestion opaque de l’argent liquide de la quête de chaque vendredi – plusieurs milliers d’euros – et des 2 millions de subvention versés par l’Algérie.
Un Internaute : Pour résumer, vous nous dites qu’une mafia s’est créée à la Grande Mosquée de Paris ?
Aziz Zemouri : Pour faire taire l’ancien recteur, Mohamed Louanoughi fiché au FPR comme « individu en contact avec des services étrangers » et Chems-eddine Hafiz lui ont alloué une allocation mensuelle, une voiture avec chauffeur payée par la Grande Mosquée de Paris selon les renseignements de la Préfecture de Police.
Un Internaute : Merci pour ces éclaircissements Aziz Zemouri. On n’est plus dans la gestion d’une mosquée mais d’une organisation mafieuse où se mêle l’argent des fidèles, les fonds de l’état algérien et les services secrets algériens. Et du côté de Beauvau, silence radio.
Aziz Zemouri : Non ce n’est pas silence radio, c’est en toute connaissance de cause bien à vous.
En lien :
La Grande Mosquée de Paris fait office de mosquée mère des mosquées françaises sous la direction de Chems-Eddine Hafiz, recteur depuis janvier 2020. L'ancien recteur de 1992 a 2020 est Dalil Boubakeur - qui est aussi ancien président du CFCM (Conseil français du culte musulman) jusqu'à peu. (Wikipedia)
C’est sur proposition de Dalil Boubakeur que Chems-eddine Hafiz, avocat de 65 ans, a été élu à l’unanimité pour lui succéder à la Grande Mosquée de Paris. En 2013, Dalil Boubakeur avait déjà tenté, sans succès, d’imposer son bras droit comme président du CFCM (Conseil français du culte musulman). (La Croix)
L’État algérien assure le financement de la Grande Mosquée de Paris créée en 1926, en lui versant environ 2 millions d’euros par an.
Si la légitimité de Chems-eddine Hafiz à la tête de la Grande Mosquée de Paris est contestée. La succession de Dalil Boubakeur n’était pas à l’ordre du jour de ce qui s’annonçait, le 11 janvier 2020, comme une simple assemblée générale ; elle a été actée lors des « questions diverses », à main levée. Le « coup de force » par lequel Chems Eddine Hafiz s’est retrouvé recteur – du reste « sans la moindre compétence théologique », dénoncent ses détracteurs – avait déplu à l’État algérien. Ce dernier finance l’institution et voit d’un mauvais œil le numéro deux de la GMP, Mohamed Louanoughi, auquel la presse algérienne prête un passé trouble dans le pays. Le duo est accusé d’être longtemps resté proche du régime d’Abdelaziz Bouteflika. (La Croix)
Mohamed Louanoughi, qui a travaillé 22 ans aux côtés de Dalil Boubakeur et que la presse algérienne accuse d’avoir été membre des services de sécurité algériens. (Selon un journaliste de Le Point, Mohamed Louanoughi est il est fiché au FPR comme « individu en contact avec les services de renseignement étrangers »)
Au cours d’un long discours devant la presse où il a été question de remerciements, de condamnation appuyée « du fanatisme et de la violence » et d’éloge de l’islam, « religion d’ouverture et d’amour », Chems-Eddine Hafiz a cru bon de souligner, concernant le poste de Mohamed Louanoughi : « Ce n’est pas un cadeau que je lui fais, c’est une lourde responsabilité que je lui accorde ».
Une précision qui ne doit rien au hasard, quand on sait que les deux hommes sont soupçonnés d’être à l’origine d’un « coup de force », voire un « hold-up ». Cette version des faits, largement relayée ces derniers jours dans les médias communautaires et sur les réseaux sociaux, veut que le duo, longtemps proche du régime d’Abdelaziz Bouteflika, a orchestré cette passation « en toute irrégularité » par crainte de ne pas recevoir la caution de l’Algérie, qui s’est séparée au printemps 2019 de son ancien président.
Interrogé à ce sujet par la presse jeudi 16 janvier, Chems-Eddine Hafiz a dénoncé les « torrents de calomnies » déversés sur lui et Mohamed Louanoughi par des « prétendants aigris ». « J’entends dire que j’ai soutenu un cinquième mandat du président Bouteflika : c’est faux »
Le flou persiste autour d’une visite du nouveau recteur au lendemain de son élection, à l’ambassade d’Algérie à Paris : si Chems-Eddine Hafiz dit y avoir été « félicité », ses opposants soutiennent qu’il a été « convoqué » pour se faire « sévèrement remonter les bretelles ». (La Croix)