Elles sont jeunes, écologistes, féministes… mais surtout xénophobes, nationalistes et ultra-actives sur les réseaux sociaux. Enquête sur la nouvelle vitrine de l’extrême-droite.
Paris, 23 novembre 2019. Des milliers de personnes défilent contre les violences sexistes. Soudain quelques jeunes femmes font irruption au milieu du cortège, provoquant stupeur, indignation, huées, avant d’être rapidement expulsées de la manifestation. Sur leurs pancartes, on peut lire : « Schiappa, les étrangers violeurs sont toujours là… » ou encore « Cologne, Rotherham, bientôt Panam [sic] ». Des slogans xénophobes faisant écho à des agressions sexuelles de femmes ou d’adolescentes commises par des migrants ou, dans le cas de Rotherham, par des citoyens britanniques d’origine étrangère. Ces militantes sont des membres de Némésis. Ce collectif au nom inspiré par la déesse vengeresse antique fait, depuis un an, presque autant de bruit médiatique en France que les Femen à leurs débuts. La comparaison est suggérée par la présidente de Némésis elle-même, Alice Cordier, 23 ans, qui répond volontiers à nos questions. Si la philosophie de ces « féministes identitaires », comme elle les définit, est loin de celle des activistes à la poitrine dénudée, leurs actions les imitent : agit-prop, collages sauvages d’affiches, happenings diffusés en direct sur les réseaux sociaux. Le 18 décembre dernier, Journée internationale des migrants, elles débarquaient, masquées, sur le parvis du palais Garnier, avec des fumigènes et des pochoirs déclinant leurs messages pseudo-féministes, mais surtout racistes : « Les Françaises ne sont pas des frontières violables », etc.