Avant d’être élue en 2017, Laetitia Saint-Paul était officier de l’armée de terre. Aujourd’hui vice-présidente de l’assemblée nationale, elle se confie dans un livre.
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Avant de rejoindre En Marche en 2017, cette solide jeune femme, grande et sportive, a commandé 200 hommes au sein de la brigade franco-allemande basée à Müllheim, près de la frontière. C’est sa fierté, en témoigne le fanion de la brigade en évidence dans son bureau sous les toits de l’Assemblée nationale. Quand Emmanuel Macron, parti à la conquête de l’Élysée, l’a détournée de sa carrière d’officier, elle s’occupait de prospective militaire à Saumur, où elle vit toujours avec son mari officier de cavalerie et leurs deux enfants. Son unité, surnommée « Les sculpteurs de fumée », devait anticiper toutes les situations possibles, apporter une réponse à chaque « cas non conforme » qui se présente dans l’armée, en temps de paix comme de conflit. Elle y a appris l’art de la guerre, cher aux politiques souvent férus de Sun Tzu et Clausewitz. Lorsque En Marche a ouvert les candidatures pour les investitures de députés, Laetitia Saint-Paul était prête à sauter dans le vide. Belle occasion d’aller au cœur du pouvoir, défendre l’armée mise à mal selon elle par tous les politiques depuis Sarkozy. Elle en a informé son général, qui lui a fait sèchement remarquer qu’un militaire d’active qui devient député, cela ne s’était jamais vu depuis 1918. Qui plus est une femme, ont râlé quelques grognards haut gradés, « elle n’est que capitaine, pour qui se prend-elle ? ». Fille de buralistes de la banlieue de Rennes, mariée à un engagé volontaire à 17 ans, elle n’a pourtant aucune arrogance. Juste l’ambition, chevillée à l’âme depuis son enfance, d’agir et de servir son pays, dans l’armée ou la République. Le général Bertrand Ract-Madoux, gouverneur des Invalides, n’a-t-il pas décidé lui aussi de se présenter dans la Drôme ? Son investiture LREM n’a déclenché aucune protestation. Le 18 juin 2017, la capitaine a savouré sa victoire au champagne, et le général, battu, est rentré dans ses quartiers. Sitôt élue dans la 4e circonscription du Maine-et-Loire, Laetitia Saint-Paul s’est mise en disponibilité de l’armée et a intégré la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée. Nommée « whip » (fouet en anglais), soit coordinatrice pour le groupe LREM, elle fait ses preuves, « chef, j’avais appris à l’être ». En octobre 2019, Richard Ferrand, sensible à son CV, la propulse vice-présidente. « Cela a cloué le bec aux derniers grincheux de l’armée, s’amuse-t-elle, j’ai aujourd’hui un rang protocolaire infiniment plus haut que général. »
(Merci à Josselin)