10 mai 2021
Le rapport est disponible ici.
8 mai 2021
L’inspection de l’Éducation nationale vient d’écrire un rapport d’enquête de 60 pages au vitriol sur cet «événement inadmissible». Il révèle comment une controverse entre deux enseignants sur un sujet d’actualité sensible, l’islamophobie, a dégénéré en une crise ouverte affectant l’ensemble de l’Institut d’études politiques (IEP). C’est le résultat d’une accumulation de maladresses, d’erreurs d’appréciation, de réactions à contretemps, de manquements et de fautes de tous les acteurs, dont la directrice de l’IEP, nouvellement nommée en pleine crise du Covid et inexpérimentée. Le rapport évoque également un climat délétère minant cet établissement bien avant cette controverse.
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Première faute pointée par le rapport, la réponse de la directrice de l’IEP n’évoque à aucun moment la gravité des accusations d’islamophobie diffusées par des élus étudiants sur les réseaux sociaux à l’encontre d’un professeur de l’établissement, facilement identifiable. Et elle n’exige pas la suppression de ce message accusatoire. Les étudiants publient d’autres messages agressifs, appelant à la délation envers un deuxième enseignant, M.B., concernant son cours sur l’Islam. Mise au courant, la directrice n’intervient toujours pas alors que ces messages relèvent visiblement de la diffamation et de l’injure. C’est lorsque les deux enseignants en prennent connaissance qu’elle finit par réagir. Mais la situation continue de dérailler de façon inexorable.
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En réalité, tirant parti d’une division des enseignants en deux camps à laquelle conduisait le «communiqué» du directoire du laboratoire, l’US (union syndicale des étudiants) a voulu en profiter pour exclure de l’IEP des enseignants qui ne partagent pas ses opinions politiques. Comme l’ont dit tous les étudiants et un certain nombre d’enseignants aux inspecteurs: «Ce sont les seuls profs de droite à l’IEP…»
12 mars 2021
10 mars 2021
À l’issue du conseil d’administration de ce mardi 9 mars, la directrice de l’IEP a fait savoir que l’un des deux professeurs accusé d’islamophobie avait fait l’objet d’un rappel à l’ordre.
« Le ton des professeurs est problématique »
Contactée par téléphone, elle explique que « si une motion a été approuvée pour rappeler les valeurs fondamentales de cette université mais aussi souligner les efforts pris par la direction pour essayer de retrouver la sérénité », l’équipe pédagogique et la direction sont « stupéfaites par le “détaillement” médiatique » dont fait preuve l’un des professeurs ayant vu son nom placardé. Elle rappelle que « si la liberté de la parole et de la parole académique sont les garanties du bon fonctionnement » de l’IEP, « elles s’accompagnent d’un droit de réserve. »
(…) Sabine Saurugger est aussi revenue sur les propos des professeurs qui leur ont valu les collages du 4 mars. Elle estime que si les professeurs peuvent débattre de l’islam, le ton employé est « extrêmement problématique ». Elle révèle aussi que les professeurs ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre et qu’une « incitation au dialogue a été entreprise ».
9 mars 2021
L’Union syndical Sciences Po Grenoble (Isère) s’est exprimé, mardi 9 mars 2021, demandant des sanctions contre les enseignants accusés d’avoir tenu des propos islamophobes.
Le principal syndicat étudiant de Sciences Po Grenoble (Isère) exige des sanctions, vis-à-vis des professeurs accusés d’avoir tenu des propos islamophobes, « tant qu’ils ne se seront pas excusés ».
Ces attaques médiatiques n’ont eu qu’un seul effet : occulté les problèmes de fond, à savoir les déclarations sur les personnes musulmanes, et leur stigmatisation.
L’Union syndicale estime que « certains propos, tenus par ces enseignants, dans des mails par exemple lors de sa la semaine pour l’égalité, ont été perçus comme extrêmement offensants. Il est nécessaire d’en parler dans le cadre de la lutte contre les discriminations, et de recentrer le débat sur le cœur du sujet ».
8 mars 2021
Les deux enseignants visés par des accusations d’islamophobie à l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble font l’objet de mesures de protection susceptibles d’être renforcées, a déclaré ce lundi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en déplacement à Gannat (Allier).
Avec la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, « nous avons fait contacter aujourd’hui les deux enseignants. Des mesures de protection sont prises. Je ne voudrais pas les détailler ici, ne serait-ce que parce qu’elles doivent être discrètes », a indiqué le ministre à la presse.
Gérald Darmanin a ajouté avoir demandé à ce sujet une « évaluation par la cellule Uclat (Unité de coordination de la lutte antiterroriste), c’est-à-dire ceux qui évaluent les dangers qu’il y a sur les personnalités ». Si cette évaluation « démontre qu’il y a un danger particulier », les deux enseignants « seront – évidemment il faudrait qu’ils l’acceptent – protégés par la police personnellement », a-t-il affirmé.
Il regrette que la “diversité des idées” soit “menacée par une idéologie unique, située à l’extrême gauche et qui ne supporte pas la contradiction”. Sur LCI, Klaus Kinzler, professeur d’allemand à Sciences Po Grenoble, s’est défendu face aux accusations d’islamophobie lancées à son encontre, et contre l’un de ses collègues. La semaine dernière, leurs noms et leurs photos ont même été placardés à l’entrée de l’institution sur des affichettes indiquant : “Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue”.
Actuellement en congé maladie, Klaus Kinzler regrette que peu de ses collègues enseignants le soutiennent. “J’ai un noyau dur de gens qui me soutiennent mais c’est une minorité”, a-t-il estimé sur LCI. “La majorité m’est hostile, de plus en plus, de par des mails assez intolérables. Je suis pour beaucoup celui qui porte la responsabilité de cette situation, qui ternit l’image de l’établissement”.
7 mars 2021
Klaus Kinzler est l’un des deux professeurs accusés d’islamophobie à Science-Po Grenoble. Sur Europe 1, il dénonce le manque de soutien d’une partie de ses collègues. Assurant n’avoir “pas peur”, il dit vouloir continuer à “défendre la liberté dans le milieu académique”.
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“On a essayé de me punir”
Mais plus que l’attitude de ces étudiants, Klaus Kinzler fustige celle de ses collègues, dont “une bonne partie ne me soutiennent pas ou pas vraiment”. Ces derniers, estime-t-il, “sont très loin à gauche et ont plutôt ont des sympathies pour ceux qui défendent le terme islamophobie”.
“On a essayé de me punir”, poursuit-il. “Et ce ne sont pas les étudiants, mais mes collègues, pour le fait d’avoir exprimé un avis différent de la doxa d’extrême-gauche dans ce chapitre.”
Revenant sur les affiches mentionnant son nom, le professeur d’allemand assure que cela ne “l’émeut pas outre-mesure”. “Les méthodes de l’UNEF et des plus extrémistes des étudiants n’ont pas changé depuis 50 ans”, relativise-t-il. “Il n’y a rien de bien nouveau.” Et Klaus Kinzler, refusant tout parallèle avec la situation de Samuel Paty, assassiné au mois d’octobre. “C’est un débat entre universitaires, je ne veux pas trop dramatiser”, répond-il. “Ce que je regrette, c’est que je ne sois pas soutenu par la plupart de mes collègues, qui sont plus proches de ces étudiants extrêmes que de moi, qui suis un libéral centriste convaincu depuis 40 ans. C’est ça qui m’effraie, beaucoup plus que ce qu’ont fait les étudiants.”
6 mars 2021
Contacté, le professeur incriminé par le syndicat étudiant nous a indiqué qu’il ne voulait pas s’exprimer sur cette affaire, car il réfléchit avec son avocat à engager une procédure judiciaire. Il nous a cependant avoué craindre pour sa sécurité. “Il est terrorisé à l’idée de se faire tuer”, avertit Arnaud Lacheret. “Il y a des gens extérieurs à l’IEP qui sont venus à son cours. Une fois, l’un d’entre-eux est venu demander où il habitait”, glisse l’étudiant Pierrick Serpinet, lui aussi très inquiet pour la sécurité de son professeur.
Une enquête ouverte
Ce samedi 6 mars 2021, le procureur de Grenoble, Eric Vaillant, a annoncé qu’il ordonnait une enquête pour « injure publique envers un particulier par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique, un délit puni de 12.000€ d’amende ».
Cette enquête, confiée au commissariat de police de Grenoble, a également été ouverte pour « dégradation ou détérioration légère de bien destine à l’utilité ou la décoration publique par inscription, signe ou dessin, un délit puni de 15.000€ d’amende »
La plainte déposée par l’USIEPG classée sans suite
Le procureur indique par ailleurs avoir décidé de classer sans suite pour « infraction insuffisamment caractérisée » la plainte déposée pour discrimination syndicale par l’Union Syndicale Sciences Po Grenoble (USIEPG) « à l’encontre d’un des professeur visé par les affiches ».
Cette plainte se fondait sur un mail envoyé par cet enseignant où il interdisait aux étudiants appartenant à ce syndicat de suivre ses cours.
[…]Actu.fr
Quelques mois après l’assassinat de Samuel Paty, le spectre des accusations d’islamophobie refait surface. Les noms de deux professeurs de l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Grenoble en étant accusés ont été placardés le 4 mars avec des collages devant l’établissement. D’après nos informations, l’un d’eux a déposé plainte et l’IEP un signalement. Une affaire révélatrice selon l’un des enseignants d’un climat de tension au sein de l’école, où le débat sur l’islam serait devenu “tabou“.
(…) Cet enseignant qui officie depuis 25 ans au sein de l’établissement doute de la pertinence du concept d'”islamophobie” utilisé pour désigner des discriminations dont feraient l’objet des musulmans en raison de leur religion.
(…) Quelques échanges plus tard, Klaus Kinzler relaie les propos d’un de ses collègues, Vincent T., lui apportant son soutien et alertant sur l’usage grandissant du terme “islamophobie” utilisé y compris pour remettre en question la laïcité française ou le droit au blasphème : “Charlie Hebdo était accusé d’islamophobie. Samuel Paty était accusé d’être islamophobe. La loi de 2004 est accusée d’être islamophobe. Le blasphème est islamophobe. La laïcité est islamophobe.“
(…) Auprès de Marianne, Klaus Kinzler assume : “je n’aime pas l’islam sous sa forme actuelle, sous sa forme d’islamisme et de fondamentalisme. J’ai peur de ce fondamentalisme qui a pris le pouvoir depuis 50 ans dans les pays musulmans. Mais je n’ai jamais de ma vie été un islamophobe ni pensé que je n’aimais pas les musulmans.” (…)
“Mettre ma vie en danger”
Trois jours plus tard, sans que l’on sache s’il y a eu des menaces,Vincent T. écrit dans un mail adressé à ses étudiants et transmis à Marianne par l’une d’elles : “Pour des raisons que je ne peux expliquer par mail, je demande à tous les étudiants qui appartiennent au syndicat dit “Union Syndicale” de quitter immédiatement mes cours et de ne jamais y remettre les pieds“, avant d’ajouter : “Je ne comprends pas, du reste, pourquoi ils n’ont pas d’eux-mêmes demandé à changer de [cours] puisque ma personne leur est tellement insupportable qu’ils sont prêts à mettre ma vie en danger.“
(…) “Je ne nie pas que mon cours comporte une approche critique de l’islamisme (est-ce cela qui choque ?) et même de certains aspects de l’islam dans sa configuration actuelle (mais quoi ? rêve-t-on de remplacer mon cours par un enseignement théologique dispensé par un imam ?). Mais le problème n’est pas dans les problèmes de définition : il est dans l’usage des étiquettes qui, aujourd’hui, on le sait, peuvent tuer. Que des étudiants puissent, dans le contexte actuel, quelques semaines seulement après l’affaire Paty, se permettre ce genre de stigmatisation a quelque chose d’odieux et de méprisable quand on sait les conséquences épouvantables que cela peut avoir via les réseaux sociaux.“
5 mars 2021
Ce jeudi, leurs noms étaient affichés en grosses lettres à l’entrée de l’établissement, accolés aux mots «fascistes» ou encore «l’islamophobie tue». Les deux enseignants craignent à présent pour leur sécurité et celle de leur famille.
Ce jeudi 4 mars, deux professeurs de Sciences Po Grenoble ont eu la désagréable surprise de découvrir leurs noms inscrits en grosses lettres sur les murs de leur IEP, à l’occasion d’un «collage» sauvage qui survient alors que certains responsables syndicaux de l’école sont engagés depuis plusieurs semaines dans un mouvement de lutte contre la direction.
«Des fascistes dans nos amphis» et «l’islamophobie tue» : voici ce que l’on pouvait notamment lire à côté de l’entrée principale de Sciences Po Grenoble, à côté des noms de deux professeurs appelés à la démission par les auteurs de ces collages. Le visage de l’un des deux professeurs, caricaturé mais aisément reconnaissable, était également placardé à côté de ces slogans. Si les affichages ont été retirés dans l’après-midi suivant les faits, ils ont en revanche été relayés par plusieurs comptes sur les réseaux sociaux, notamment la page Grenoble en lutte, qui relaie fréquemment les publications et communiqués de l’Union syndicale…
1 mars 2021
Tout démarre le 7 janvier, par le biais d’un communiqué diffusé sur le réseau social Facebook via Sciences Po Grenoble en lutte (Extrême gauche) partagé par l’ Union Syndicale Sciences Po Grenoble
…un groupe public sur lequel sont des membres de l’administration de l’IEP et des élu.e.s. ce qui n’est pas malin si tu es à l’IEP
“Sciences Po Grenoble en Lutte” qui semble donc rompu à l’usage de la menace, comme ici avec un détracteur
Le communiqué dans son intégralité :
Agrémenté, ce communiqué, sera repris le 8 janvier par l’ “Union Syndicale Sciences Po Grenoble”
Depuis lors, l’ “Union Syndicale Sciences Po Grenoble” multiplie les actions, visant plus particulièrement l’enseignant susmentionné, mais également désormais d’autres…