Avec sa parole prétendument décomplexée, ses clashs et ses commentaires à l’emporte-pièce, CNews ne cesse de gagner du terrain. Entre le 3 et le 12 mai, elle a dépassé l’audience de BFM à quatre reprises. Un couronnement pour la chaîne de Vivendi, et son principal actionnaire, Vincent Bolloré.
Sa trajectoire rappelle celle de Fox News aux Etats-Unis. Quand il crée sa chaîne en 1996, Rupert Murdoch a l’ambition d’en faire un CNN de droite, un créneau laissé en jachère par les chaînes de télévision. Cinq ans après sa naissance, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, le nouveau canal d’informations dépasse CNN.
« Les conservateurs, qui se sentaient opprimés sous Bill Clinton, ont trouvé dans Fox News un repaire où amplifier leur colère », analyse Alexis Pichard, auteur de Trump et les médias. L’illusion d’une guerre ? (VA Press, 2020). Pour lui, la chaîne a servi à « mettre en culture l’électorat de Donald Trump », élu en 2016.
Polémiste réactionnaire
Insécurité, délinquance, islam, identité et faits divers scabreux, les thématiques de prédilection de l’extrême droite tournent en boucle sur CNews.
« C’est de moins en moins une chaîne d’information », analyse Philippe Riutort, sociologue, spécialisé en communication politique. L’antenne a exploité ad nauseam la deuxième tribune anonyme supposément signée par les militaires d’active, alors même que Le Figaro, quotidien classé à droite, n’y consacrait qu’un bas de page tout en distance, pointant un « malaise au sein des armées ». « J’y reconnais des propos que, moi, je tiens. Il y a des phrases fantastiques ! », s’est réjoui, lundi 10 mai au soir, Eric Zemmour, polémiste réactionnaire, et phare de l’antenne. (…)