Ils étaient « à portée d’engueulade », les voici exposés aux coups. Première expression de l’autorité de l’État, les maires font face à une violence à laquelle ils ne sont pas préparés. La gendarmerie leur enseigne ses techniques.
En 2020, le ministère de l’Intérieur a dénombré 1 276 actes d’incivilité mêlant menaces et agressions contre des maires. Trois fois plus qu’en 2019 ! Selon l’Association des maires de France (AMF), plus de 500 édiles ou adjoints et 60 parlementaires ont été agressés physiquement. Tandis que 68 domiciles d’élus et 63 véhicules privés ont été visés.
[…]Gendarme formatrice, Anne explique l’importance du regard, du ton de la voix, de la gestuelle, et détaille la technique de l’« écoute active ». « Une personne qui ne se sent pas écoutée restera toujours en phase de crise, souligne-t-elle. Une personne qui se décharge verbalement, c’est de la violence physique en moins. Donc même si elle est outrageante, ce n’est pas le moment de la reprendre. Vous remettrez les choses au clair plus tard. » Attention aussi aux objets présents dans le bureau, qui peuvent vite devenir des armes… En revanche, « pas de cours de self-défense » ni de « technique de neutralisation physique » lors de cette formation.
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Truffé de témoignages provenant de « quasiment tous les départements », le rapport des sénateurs évoque une « tentative d’homicide à la hache par un mineur », une « agression avec un couteau de cuisine », une autre « avec fourche à deux dents pointée sur le ventre »… Si les villages semblent moins touchés, les violences augmentent « dès qu’on dépasse 500 habitants », mais se font moins présentes dans les villes dotées d’une police municipale. Seuls 37 % des élus ayant répondu ont saisi la justice après une agression. Il faut dire qu’une plainte sur cinq seulement a abouti à une condamnation pénale… Dans la majorité des cas, les maires ne bénéficient d’aucune protection fonctionnelle.
[…]Le Figaro