L’ONU a demandé à la Libye et l’Union européenne de réformer leurs opérations de recherche et de sauvetage en mer Méditerranée. Selon l’agence internationale, qui a publié mercredi un rapport, les pratiques actuelles privent les migrants de leurs droits et de leur dignité, quand elles ne leur ôtent pas la vie.
L’ONU n’a pas mâché ses mots. Dans un rapport publié mercredi 25 mai, l’organisation internationale pointe clairement la responsabilité de l’Union européenne (UE) et de la Libye dans les tragédies que vivent les migrants en tentant de rejoindre l’Europe via la Méditerranée, route migratoire la plus meurtrière au monde.
Selon ce rapport établi par le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH) et intitulé “‘Mépris fatal’ : Recherche et sauvetage et protection des migrants en Méditerranée centrale”, les politiques et les pratiques en oeuvre “échouent à donner la priorité à la vie, à la sécurité et aux droits de l’Homme des personnes qui tentent de passer d’Afrique en Europe”. En d’autres termes, les opérations de recherche et de sauvetage seraient hautement insuffisantes.
Pour étayer ce propos, le rapport, qui se focalise sur la période allant de janvier 2019 à décembre 2020, indique que les États membres de l’UE ont réduit leurs opérations de recherche et de sauvetage, tandis que les organisations humanitaires ont, de leur côté, été empêchées de secourir des migrants en mer. Il ajoute que les navires privés évitent de plus en plus de venir en aide aux migrants en détresse en raison des querelles entourant le débarquement des rescapés.
Des politiques qui permettent violations et abus
Loin de pointer des manquements isolés, ce rapport indique que les preuves accumulées suggèrent qu’il ne s’agit pas là d’une “anomalie tragique” mais d’un fonctionnement bien établi. L’ONU parle en effet d’une “conséquence [des] décisions politiques et [des] pratiques concrètes des autorités libyennes, des États membres et des institutions de l’Union européenne, et d’autres acteurs”.