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Dans l’esprit d’Emmanuel Macron, les trois spectres du jeune Africain demain seront la tentation djihadiste, l’absence d’horizon économique et la fuite. “Je le dis avec lucidité, si on est complices de l’échec de l’Afrique, on aura des comptes à rendre mais on le paiera cher aussi, notamment sur le plan migratoire”, assène-t‑il. “Ce sera un face‑à-face, avec la Méditerranée pour théâtre. Peu de gens imaginent ce à quoi ça ressemblera. Si cette jeunesse africaine n’a pas d’opportunité économique, si on ne la forme pas, si on n’a pas de bons systèmes de santé en Afrique, alors elle émigrera. Le fait migratoire est donc un signal d’échec de nos politiques d’aide publique au développement. Il faut tout revoir, sinon on ne s’en sortira pas.”

À commencer, selon lui, par le droit d’asile, qu’il juge sacro-saint mais dévoyé. “L’Europe n’arrive pas à maîtriser ce flux depuis cinq ans parce qu’il y a une confusion dans le champ politique français et européen sur ce que l’on entend par droit d’asile. Quand les migrants venaient du Soudan, de l’Érythrée ou d’Afghanistan, ils y avaient naturellement droit. Mais la plupart ne viennent plus de pays éligibles à l’asile. Il faut donc accélérer le développement de l’activité économique dans ces pays, car c’est ce que veulent ces jeunes. Aucun d’eux ne veut prendre tous les risques, traverser la Méditerranée dans des conditions atroces pour venir travailler chez nous. Il faut arrêter de faire croire cela aux gens. Lors de ma campagne présidentielle en 2017, j’avais souligné l’esprit de responsabilité de la chancelière allemande pour sa politique d’accueil des réfugiés syriens. Leur modèle a été assez efficace. Mais ce qui est passé sous le radar, c’est que tous les migrants non éligibles au droit d’asile en Allemagne sont arrivés en France. Même chose avec ceux qui arrivent en Italie ou en Espagne. Ils ne s’y enregistrent pas toujours et viennent en France parce que beaucoup sont francophones. Moi, je n’accepte plus ce système. Je considère les flux supplémentaires qui arrivent chez nous comme un détournement.”

Posture droitière, comme le clament ses détracteurs ? Ou lucidité face à l’incontrôlable qui déclenche les surenchères ? “Sur la question migratoire, je n’ai jamais sous-estimé la réalité de ce sujet. Je suis attaché à nos principes et nos valeurs, je regarde la réalité en face, mais on ne peut pas y répondre par des mesures à l’emporte-pièce. J’entends que certains veulent suspendre l’immigration pendant six mois. Mais je ne vais pas suspendre une immigration illégale que je n’organise pas et qui est tenue par des trafiquants! La réalité, c’est que si on n’aide pas nos voisins à réussir, on n’y arrivera pas. Si on ne change pas une partie de nos règles qui ne sont plus adaptées à cette situation, on n’y arrivera pas. Il y a un sentiment dans notre pays d’une immigration subie et une confusion de toutes les échelles de valeur. On est un pays où la jeunesse a besoin de sens, d’une aspiration à l’universel tandis que la peur de l’autre monte.”

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Le JDD

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