Les rappeurs patriotiques portent un message en phase avec le pouvoir et sa dénonciation des « élites libérales et gauchistes », son discours antieuropéen ou sa défense de la famille traditionnelle.
Le rap, un courant musical né comme le cri de douleur des minorités exclues, peut-il être de droite, voire nationaliste ? Un quart de siècle après son implantation en Pologne, certains représentants de cette culture, née dans les ghettos noirs américains, ont pris un tournant atypique. S’inspirant du message non conformiste et antisystème, ils ont adopté un discours imprégné de valeurs patriotiques aux penchants nationalistes et ultracatholiques, qui épouse celui des nationaux-conservateurs du PiS (Droit et justice) au pouvoir à Varsovie.
C’est ce phénomène spécifique que met en lumière l’ouvrage intitulé Le Rap au service de la nation. Le nationalisme et la culture populaire (Wydawnictwo Naukowe Scholar, 282 pages, 42 zlotys, non traduit), de Piotr Majewski, chercheur en sciences culturelles à l’Ecole de sciences sociales et humaines de Varsovie (SWPS).
Il souligne que la droitisation de certains courants du rap est un phénomène progressif depuis près d’une décennie, mais qu’il vit désormais son âge d’or sous les gouvernements du parti de Jaroslaw Kaczynski, dont les représentants n’hésitent pas à exploiter son potentiel de propagande culturelle.