Ce mouvement ultranationaliste turc, bras armé du président, renforce son influence en Europe. Pour la première fois, le Parlement européen recommande son inscription sur la liste des organisations terroristes.
[…]Après l’interdiction du mouvement par la France en novembre 2020, de nombreux députés allemands et autrichiens réclament des mesures similaires dans leur pays. Ils sont désormais rejoints par un allié de poids : le Parlement européen. Dans un rapport explosif adopté le 19 mai, ce dernier recommande pour la première fois que les Loups gris soient placés sur la liste des organisations terroristes et que les Etats membres interdisent les associations qui leur sont liées. “Pour le gouvernement turc, toute critique doit être écrasée, par tous les moyens, regrette Nacho Sanchez Amor, eurodéputé socialiste espagnol et auteur du rapport. Qu’une diaspora étrangère ait de l’influence en Europe est normal et légitime. Le problème est qu’une partie de cette diaspora agit politiquement avec des ordres venus directement d’Ankara.”
[…]Un mouvement intégré au gouvernement turc
A la faveur de la démocratisation de la Turquie, le MHP s’approche du pouvoir dès les années 1990. Il est aujourd’hui le troisième parti au Parlement turc et un allié indispensable du président Erdogan. “Leur idéologie, fondée sur le nationalisme islamique, la haine des Kurdes et des Arméniens, fait désormais partie du logiciel d’Erdogan et de son parti, l’AKP“, explique Thomas Rammerstorfer. “Les Loups gris sont devenus une véritable branche du gouvernement turc, ce qui rend l’équation impossible pour l’Union européenne. Plusieurs hommes politiques turcs, membres de ce mouvement, viennent régulièrement en Europe pour des visites diplomatiques. Certains ont même rencontré Angela Merkel !” Tout cela sera fini si les Loups gris sont chassés d’Europe.
Cette interdiction n’aurait, toutefois, qu’une portée symbolique. “Ils n’ont pas de bureau ou de statut légal dans tous les Etats membres, confie un diplomate européen. Les placer sur la liste des organisations terroristes ne mettra pas fin à leurs activités, cela risque juste de les faire basculer davantage dans la clandestinité et de compliquer leur surveillance.” En France, cinq mois après leur interdiction, les Loups gris ont de nouveau fait des dégâts début avril en attaquant un espace culturel de Lyon. Quatre personnes ont été blessées. Toutes issues de la communauté kurde.