Le directeur du Festival d’Avignon Olivier Py répond aux questions du Point : crise sanitaire, conflit des intermittents, percée du Rassemblement national aux élections régionales…
[…]En 2003, votre prédécesseur, Bernard Faivre d’Arcier, avait dû annuler la 57e édition du Festival d’Avignon en raison de manifestations d’intermittents. Craignez-vous que certains spectacles soient perturbés cette année ?
J’ai un discours clair sur le sujet. Seuls les fascistes empêchent les spectacles de se jouer. Je suis partisan du dialogue et de la non-violence mais je suis intraitable sur cette question de la liberté d’expression des artistes. […]
Les élections régionales approchent. En mars 2014, à l’issue du premier tour des élections municipales donnant la formation lepéniste majoritaire à Avignon, vous aviez déclaré : « Je n’envisage que deux solutions possibles : soit je démissionne et on nomme un nouveau directeur, soit on délocalise le festival dans une autre ville. » La municipalité n’avait finalement pas été « prise » par le FN. Que ferez-vous si la région passe sous le contrôle du Rassemblement national les 20 et 27 juin prochains ?
Si le Rassemblement national prend la région, il faudra que nous refusions sa subvention. C’est une décision qui ne m’appartient pas, mais je soutiendrai cette position devant le conseil d’administration. Pour revenir à l’extrême droite et à ma prise de parole de 2014. J’avais alors réagi de manière un peu impulsive mais, rétrospectivement, je pense que c’était la seule façon de faire. Si la ville d’Avignon devient RN, le festival ne pourra pas y rester sauf à donner à cette formation une vitrine que je ne me résous pas à lui offrir. On voit bien ce que ce parti porte : il ne respecte pas les valeurs républicaines, il met en péril le « vivre ensemble », il appuie chez les individus sur des leviers pulsionnels et flatte les instincts les plus sombres. Son discours est empli d’une violence non dite que je ne peux que combattre. J’appelle les électeurs de tous bords à faire absolument barrage à l’extrême droite ! […]
Vous qui avez monté beaucoup de pièces d’Eschyle, comment réagissez-vous face à ces groupuscules qui veulent empêcher que soient joués certains textes ?
Je vous l’ai dit, je suis résolument opposé à toute forme de censure. Je suis contre l’annulation des spectacles. On ne déboulonne pas une œuvre d’art. L’idée du théâtre est de favoriser le dialogue. Par contre débaptiser les boulevards Thiers pour les renommer boulevards Joséphine Baker, là je suis pour…