De nombreux parents d’élèves noirs de Los Angeles ont choisi de maintenir leurs enfants en enseignement à distance malgré la réouverture des écoles en avril, souhaitant les protéger de traitements qu’ils jugent inéquitables et même parfois hostiles à leur égard dans leurs établissements scolaires, selon le rapport de « Speak Up », une association locale luttant contre les discriminations.
Si parmi les parents noirs interrogés, 82% citent le COVID-19 comme un facteur motivant leur garde d’enfant à la maison, 43% déclarent qu’ils étaient préoccupés par les intimidations, le racisme et la faiblesse de l’enseignement scolaire prodigué à leurs enfants.
« Beaucoup de parents noirs ont constaté que leurs enfants semblaient mieux apprendre et s’épanouir émotionnellement en dehors de l’école se demandent maintenant s’il est dans l’intérêt de leur enfant d’y retourner ».
Des sondages nationaux ont révélé que les parents noirs et latinos – dont les communautés ont été touchées de manière disproportionnée par COVID-19 – étaient beaucoup plus susceptibles que les parents blancs de garder leurs enfants en apprentissage à distance lors de la réouverture des écoles.
« Cette perte de confiance dans le système scolaire public aura des répercussions à long terme », indique le rapport. « La seule façon de réparer les dégâts de la pandémie est de réimaginer considérablement la façon dont le système scolaire public considère les élèves noirs. »
Speak Up appelle le rectorat de Los Angeles à consacrer plus de temps et de ressources aux besoins des étudiants noirs, qui obtiennent des taux de réussite scolaire inférieurs aux autres élèves dans la métropole et à travers les États-Unis.
L’enquête a également posé des questions sur la satisfaction générale à l’égard de l’apprentissage à distance : 72 % des parents noirs et 66 % des parents latinos s’accordent à dire qu’ils sont satisfaits du fonctionnement de l’enseignement à distance pour leur enfant, contre 36 % des parents blancs.
En février, le district a annoncé que 36,5 millions de dollars – dont 25 millions de dollars provenant des fonds initialement consacrés à la sécurité sur les campus et les 11,5 millions de dollars restants du budget du fonds général de l’année scolaire prochaine – iraient vers un plan de réussite pour les élèves noirs.
La majeure partie de cet argent financera l’embauche de « coachs en climat scolaire », de médiateurs et personnel de soutien, tels que des infirmières et des conseillers scolaires. Les « coachs en climat scolaire » seront chargés d’appliquer des stratégies de désescalade permettant la résolution des conflits, d’éliminer les disparités raciales dans les pratiques disciplinaires à l’école et de lutter contre les préjugés implicites. Un « conseiller en justice réparatrice » (NDR : ?) sera également placé dans les 53 écoles où plus de 200 élèves noirs sont inscrits.
Mais pour « Speak Up », cette réforme des inégalités systémiques nécessitera bien plus que des financements. L’association réclame également des évaluations plus fréquentes des enseignants afin de repérer chez eux des comportements ou pratiques discriminatoires.
Tanya Ortiz Franklin, membre du conseil d’administration de LA Unified, qui représente les quartiers pauvres de Los Angeles, dont celui de Watts, a déclaré que le district doit développer une approche stratégique et inclusive pour soutenir la réussite scolaire des étudiants noirs : « Ce rapport nous rappelle que nous ne nous remettons pas uniquement de 15 mois de COVID-19, mais aussi de plus de 400 ans de négligence, d’abus et de mauvais traitements. L’année scolaire à venir, grâce aux investissements consacrés à l’éducation, est une opportunité pour planifier, agir et réfléchir de manière vraiment antiraciste, afin de constater un vrai mieux pour nos élèves noirs ».