Ces derniers temps, les sondeurs, mais aussi des élus de terrain, des reporters s’inscrivaient en faux quant au supposé état de colère noire des Français, leur supposé ras-le-bol généralisé dans un pays au bord de la guerre civile.
Les partis aux extrêmes animent un débat polarisé et polarisent un débat animé pour le plus grand plaisir commercial des petites chaînes de télé qui se disputent le marché de la peur, préférant organiser le clash télégénique qu’organiser des confrontations réfléchies.
Les réseaux sociaux, dans un mécanisme infernal ont un effet démultiplicateur, maintenant bien connu, qui dessine un environnement de crise de nerfs général.
Le personnel politique et les commentateurs craignent toujours de passer à côté d’un phénomène populaire – d’être accusés de déconnexion – comme pour le référendum de 2005, l’irruption de Donald Trump, les gilets Jaunes ou le Brexit.
Alors, ils ont tendance à surinterpréter la moindre manifestation de colère et d’angoisse pour conclure hâtivement que rien ne va plus, persuadés avoir enfin mis le doigt sur la fameuse et fantasmatique majorité silencieuse.
Ces derniers temps, il était de bon ton de décrire une France en colère, tentée massivement par Marine Le Pen.
Et ce n’est pas le cas : les animateurs de la France en PLS vous expliquent maintenant que la colère est si forte que les électeurs ont déserté les urnes par un grand mouvement de protestation civique, là où il s’agit peut-être d’une fatigue démocratique, certes préoccupante, devant tant d’affrontements sur-joués par les acteurs du débat public. (…)
La France post-Covid presque vaccinée, qui se découvre pas si abimée que ça, n’est peut-être pas si en colère.