Deux hôtels en trois jours. Et il va encore falloir partir. Même avec juste un lit double, 50 euros la nuit, c’est trop cher. « On s’en va. Un ami nous prête sa chambre dans un foyer », positive Ayoub, 51 ans. A coté de lui, son fils Slimane (le prénom a été changé), 13 ans, ne réagit pas. Le collégien ne va plus en cours depuis huit jours. Ses baskets au pied du lit, il passe ses journées allongé à pianoter sur son téléphone portable. Sa mère et ses deux sœurs sont, elles, hébergées chez des proches. On a l’impression que la famille vient d’être expulsée. Sauf qu’elle a bien un logement.
Un appartement qu’Ayoub, fonctionnaire de l’éducation nationale, loue depuis 25 ans rue Courtois, en plein centre-ville de Pantin (Seine-Saint-Denis). Mais pas question d’y retourner. Le père de famille explique avoir été victime d’une agression au couteau au bas de son immeuble, samedi dernier. « Si je n’avais pas eu un sac pour me protéger, je ne sais pas si je serais toujours en vie », déglutit le père de famille qui a tout détaillé dans une plainte, avec des enregistrements sonores et vidéos en guise de preuve.
[…]Le fils de 13 ans se plaignait d’être harcelé par un autre collégien. N’arrivant pas à régler la situation, le père a alerté le collège et déposé plainte. Peu de temps après, il a été attaqué au couteau devant chez lui. Craignant pour sa sécurité, il a quitté son logement et le quartier.
Ayoub dépose plainte auprès du procureur de la République fin avril puis au commissariat dans la foulée pour harcèlement. « Les policiers m’ont dit qu’il ne fallait pas laisser passer ça », se souvient Ayoub. Puis pour menaces de mort, attribuées à une jeune femme de l’autre famille. « Elle criait sale pédé ! Tu vas voir ce qui t’attend. Je vais prendre un couteau et je vais te tuer. »
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