Le 7 juin 2021, au camp de Roj, dans le nord-est de la Syrie. Il accueille les prisonnières de « valeur » comme Mylène Clain, 41 ans, deux enfants avec elle dont une fille gravement blessée.
Elle est la plus célèbre de s «veuves noires»: Fatima, ex Mylène, mariée à 21 ans avec Fabien Clain, la voix de Daech en France. Fabien Clain et son frère Jean-Michel ont été abattus en 2019 par la coalition. Aujourd’hui, dans un camp tenu par les Kurdes, la «femme du martyr» attend son heure, persuadée que l’État islamique n’a pas dit son dernier mot.
[…]«Je comprends que les Français ne veuillent pas du retour de ces gens, commente l’officier de renseignement kurde. Mais la France doit nous aider à trouver une solution, sachant que les Français étaient parmi les plus radicaux de l’État islamique.» Longtemps, les Kurdes ont espéré organiser des procès sur place. Il n’est plus question de se lancer seuls. «Quand nous avons combattu, nous faisions partie d’une coalition de 27 nations, dont la France. Donc, nous estimons qu’il faut organiser ensemble un tribunal international, ici, pour les juger. Moi, je me suis battu pendant dix ans. Je veux quelque chose en retour, comme cette cour internationale.»
[…]Dans le souk du camp d’Al-Hol. Alors que la température atteint 45 °C, il n’est pas question de renoncer au niqab. Quelques-unes seulement ne portent pas les gants noirs de rigueur. Ici, seule l’eau est distribuée gratuitement :
Élevés dans la haine de l’Occident, des enfants jettent des pierres et miment l’égorgement des journalistes. Il est descendu de son vélo pour ajuster son tir. Pour ces enfants qui ne vont pas à l’école, c’est une des rares occupations :
Les enfants nous envoient de plus en plus de pierres. Ils hurlent: «Animaux! Kouffars!» Une femme, au marché, s’éclipse: «Je ne parlerai plus jamais à personne, j’ai peur. » Un gamin refuse de s’exprimer parce que la traductrice qui nous accompagne ne porte pas de voile. Une garde kurde intercepte une femme qui vient de faire le signe de l’égorgement: «Si je te revois faire ça, je te brise les mains.» Fatima, une fillette de 11 ans venue d’Égypte, porte un voile intégral mais de couleur violette. Elle s’approche: «Les Kurdes m’interdisent de porter le niqab noir, parce qu’ils disent que je suis trop jeune. Mais j’espère bien en porter un quand je serai grande.»
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Paris Match