03/07/2021
“La circonstance aggravante de l’antisémitisme a été confirmée par la cour d’assises”
La cour d’assises de la Seine-Saint-Denis a condamné vendredi à des peines allant de quatre à douze ans de prison neuf personnes coupables de la violente séquestration d’une famille juive puis le recel de leurs biens sur fond d’antisémitisme.
La peine la plus lourde, douze ans de réclusion, a été infligée au meneur du trio d’agresseurs qui s’en était pris le 8 septembre 2017 à Mireille Pinto, 75 ans, son mari Roger, 85 ans et personnage influent de la communauté juive, ainsi qu’à leur fils de 52 ans.
Les malfrats les avaient menacés avec un couteau et un tournevis, frappés et séquestrés pendant plusieurs heures, alors que leur pavillon cossu de Livry-Gargan avait été retourné de fond en comble à la recherche d’un hypothétique magot.
[…]22/06/2021
Ils avaient vécu trente-cinq ans dans cette maison de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis). C’était « la plus jolie du quartier », parviennent encore à sourire Roger et Mireille. Une vie, comme tout le monde, avec son lot de bonheur et de souffrance. Mais tout s’est écroulé après l’agression. Aujourd’hui, le couple a fui sa demeure pour habiter dans un appartement parisien dont le seul intérêt est d’être « situé à l’étage » et donc « plus difficile d’accès ». Ils n’en sortent quasiment jamais. Comme si leur vie s’était arrêtée ce jour de septembre 2017.
À partir de ce mardi et jusqu’au 2 juillet, Roger, Mireille et leur fils David vont devoir se replonger dans cette séquestration qu’ils ressassent depuis bientôt quatre ans. Neuf personnes – cinq hommes et quatre femmes – comparaissent aux assises de Seine-Saint-Denis à Bobigny dans le cadre de cette affaire. Le plus âgé et le plus expérimenté dans la délinquance est considéré par l’accusation comme le commanditaire de l’opération. Il y a aussi, évidemment, les trois jeunes accusés d’être entrés dans la maison de Livry-Gargan et d’avoir attaqué la famille.
La juge d’instruction a retenu le caractère antisémite de l’agression. « Vous êtes juifs, vous avez de l’argent ! » auraient lancé les intrus pendant la séquestration. Quatre autres accusés répondront du recel du butin. Une femme soupçonnée d’avoir participé à l’expédition mais sans pénétrer dans le pavillon comparaîtra également.
[…]Le commanditaire présumé est un « client ». Déjà condamné à 28 reprises, il vient justement de tomber pour vol. C’est lui qui aurait organisé l’opération en faisant appel à des « mecs de Clichy », la ville voisine.
[…]Un enquêteur avait, par exemple, demandé à l’un des suspects s’il était bien le fameux « Moko » mis en cause lors d’écoutes téléphoniques. « Ce n’est pas moi », avait répondu l’intéressé. Après une pause, le policier s’était rendu compte que le jeune homme venait de graver « Moko » sur le banc de sa cellule…
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