Ce complément a été demandé le 30 juin aux quatre médecins belges qui avaient rendu en janvier un nouveau rapport, censé trancher la bataille d’expertises contradictoires au cœur de l’enquête. Les experts belges avaient conclu que la mort de ce jeune homme noir, le 19 juillet 2016 dans la caserne de Persan (Val-d’Oise), avait été causée, en ce jour de canicule, par un « coup de chaleur » qui n’aurait toutefois « probablement » pas été mortel sans son interpellation sous le poids des trois gendarmes.
Depuis, les enquêteurs ont enfin pu interroger en mars un témoin direct, l’homme qui avait aidé Adama Traoré à s’échapper après une première interpellation. « Adama était essoufflé (…) Je n’ai pas l’habitude de le voir essoufflé, mais c’est vrai que là quand je suis intervenu, j’ai été un peu surpris de le voir fatigué », a déclaré cet homme, qui le connaissait depuis l’enfance. « C’est comme si son corps ne réagissait pas. (…) Pour moi, il était dans un état qui n’est pas habituel, il ne parlait pas », a raconté ce témoin. Cet homme a ajouté qu’Adama Traoré était reparti « en marchant », ce qu’a confirmé un employé de la mairie, témoin de la scène. Le gendarme, qui s’était foulé la cheville dans la bagarre avec les deux hommes, ne l’avait pas poursuivi.
Une ancienne conseillère de Pôle emploi a par ailleurs rapporté aux enquêteurs avoir été informée de problèmes d’essoufflement d’Adama Traoré qui auraient justifié un changement d’affectation. Mais parmi la quinzaine d’ex-responsables ou ex-travailleurs de l’association auditionnés, aucun n’a confirmé cet élément.