Au moment des révélations sur le logiciel espion Pegasus, une mission d’information sénatoriale veut alerter sur les ingérences étrangères au sein du monde universitaire. Un phénomène encore peu étudié, même s’il inquiète de plus en plus.
« Certains États sont tentés d’exploiter leur présence croissante dans nos campus et nos laboratoires comme levier d’influence géopolitique, avec peu d’égards pour les libertés académiques et l’intégrité scientifique », a précisé le rapporteur André Gattolin, lors de mise en place de la mission le 6 juillet. En cause, principalement la Chine – « 80 % du problème », résume-t-il à La Croix –, mais aussi la Turquie, certains pays du Golfe, ou encore la Russie.
Outre des experts et des responsables académiques, les sénateurs ont auditionné la directrice générale de Campus France, l’organisme chargé de faire venir des étudiants étrangers – les plus nombreux sont marocains, suivis de près par les Chinois. […]
De fait, les pratiques d’influence ou d’interférence sont diverses, de l’entrisme dans des laboratoires de recherches scientifiques au financement de chaires d’enseignement ou de thèses pour relayer des messages politiques sur certains sujets sensibles. « Des pays comme la Turquie peuvent être tentés par exemple de financer des travaux orientés sur le génocide arménien », illustre André Gattolin. Les instituts Confucius de la Chine, avec lesquels l’université de Lyon-3 ou celle de Paris-Nanterre ont cessé de collaborer, sont aussi dans le viseur des sénateurs, comme des centaines de programmes chinois plus récents, comme « 1 000 talents ». […]
La France, selon le rapporteur, est particulièrement en retard sur la question des financements des recherches. Rappelant qu’un chercheur américain du MIT a été arrêté pour avoir perçu 600 000 à 700 000 € par an de la Chine pour communiquer ses recherches, il appelle à davantage de contrôle dans l’Hexagone : « Un chercheur français se rendant à plusieurs reprises dans le pays qui finance ses recherches par exemple devrait attirer l’attention », souligne-t-il. […]