Un rapport de l’inspection générale de l’Éducation nationale pointe des failles dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les Instituts d’études politiques (IEP). Remis à la ministre de l’Enseignement supérieur, mercredi 21 juillet, cet état des lieux avait été commandé après la vague de témoignages sur les réseaux sociaux. En février 2021, des étudiants et d’anciens étudiants ont dénoncé des violences survenus pendant leurs études autour du hashtag #SciencesPorcs.
Six inspecteurs ont auditionné 600 personnes, ils ont visité les dix IEP de France. Le constat est assez sévère. Le rapport évoque des mentalités et des pratiques ancrées, avec des traditions, des rituels, pendant lesquels des stéréotypes sexistes et homophobes sont trop souvent véhiculés. On évoque notamment des week-ends d’intégration ou des rencontres sportives inter-IEP où il se passe des choses très proches du bizutage, pourtant interdit, avec des rapports de domination comme ces objectifs de relations sexuelles avec une étudiante de chaque IEP, ou des attouchements réalisés pendant des défis. Les inspecteurs regrettent que la définition même des violences sexistes et sexuelles et que la notion de consentement soit trop floue.
89 faits de janvier 2019 à juin 2021. C’est à la fois beaucoup et, en fait, assez peu comparé aux très nombreux témoignages sur les réseaux sociaux. Un décalage qui s’explique notamment par un manque de confiance des victimes en leur direction et la peur aussi d’être entraîné dans des procédures judiciaires. Pourtant, selon les inspecteurs, les faits remontés sont graves. Plus de 83% sont des viols ou des agressions sexuelles, dont seulement 16% ont donné lieu à des poursuites disciplinaires. […]
Selon ce rapport, l’omerta et l’entre-soi perdurent au sein des communautés des IEP. Des établissements qui ont des spécificités comme toutes les grandes écoles : un très fort sentiment d’appartenance, une vie associative dense avec des moments de sociabilité particuliers et un “élitisme qui favorise l’inaction”. Ajoutons à cela le silence, parfois, des directions pour préserver la réputation de leur institut ou la carrière des mis en cause. On peut aussi parler de tabou au sein des étudiants, qui n’osent pas toujours dénoncer un ami ou une figure populaire de leur groupe. Résultat, il y a un certain “sentiment d’impunité”, pointé par les auteurs. […]