Editorial du Monde sur la suspension du décret sur le contrôle technique des motos décidée par le président de la République.
[…] Fait du prince, mauvais signal à l’heure où la défense de l’environnement devrait être résolument mise en avant, cette reculade est inquiétante tant dans sa forme que sur le fond.Elle interroge à la fois le mode de fonctionnement du pouvoir exécutif et la crédibilité du président Macron dans la lutte pour la sécurité routière, la qualité de l’air et contre les nuisances sonores. « Après avoir découvert cette mesure, le président de la République a décidé que ce n’était pas le moment d’embêter les Français », a justifié un conseiller du gouvernement. […]
Face à ce risque de contestation, alors que la multiplication des signes de décrochage démocratique exige d’impliquer et de responsabiliser les citoyens, Emmanuel Macron confirme sa pratique verticale et personnelle du pouvoir. Son message assimilant le contrôle technique à une manière d’« embêter les Français » relève de la démagogie. Quant à son refus d’appliquer une directive de l’UE, elle étonne de la part d’un président proeuropéen. Il est vrai que la mesure a fait reculer les gouvernements précédents, en particulier celui de Manuel Valls, qui en avait annoncé la mise en œuvre en 2015. […]
Surtout, il ne laisse pas d’inquiéter sur la capacité des responsables politiques à préparer les Français aux mutations profondes, tant dans l’emploi que dans les modes de vie et de consommation, que nécessite impérieusement la lutte contre le réchauffement climatique. Comment un dirigeant qui capitule devant le lobby des motards pourrait-il convaincre les automobilistes d’abandonner les moteurs thermiques ou de se reporter sur les transports en commun ? […]