BRUXELLES, 18 août (Reuters) – Les pays de l’Union européenne ont accusé mercredi le Bélarus de mener “une attaque directe” en poussant les demandeurs d’asile à franchir sa frontière et, mal à l’aise face à la perspective d’un afflux de migrants afghans, ont convenu qu’ils devaient renforcer leurs frontières extérieures à l’avenir.
L’Union européenne accuse le président du Belarus, Alexandre Loukachenko, d’orchestrer l’arrivée de milliers de personnes aux frontières de la Lituanie, de la Lettonie et de la Pologne en représailles aux sanctions imposées à l’ancienne république soviétique.
Les ministres de l’intérieur des 27 États membres de l’UE ont déclaré dans une déclaration qui sera publiée à l’issue d’une réunion d’urgence que le Belarus cherchait à “instrumentaliser des êtres humains à des fins politiques”.
“Ce comportement agressif est inacceptable et constitue une attaque directe visant à déstabiliser l’UE et à faire pression sur elle“, ont-ils déclaré dans la déclaration consultée par Reuters.
La question est devenue plus aiguë à la lumière de la prise de contrôle de l’Afghanistan par les Talibans qui s’est achevée dimanche. De nombreux Afghans tentent de fuir le pays, craignant des représailles.
Les États membres de l’UE sont nerveux à l’idée de voir se reproduire la crise migratoire européenne de 2015/16, lorsque l’arrivée chaotique de plus d’un million de personnes en provenance du Moyen-Orient a mis à rude épreuve les systèmes de sécurité et de protection sociale et alimenté le soutien aux groupes d’extrême droite.
Les ministres, sans faire directement référence à l’Afghanistan, ont déclaré qu’il était “nécessaire de renforcer l’ensemble de la frontière extérieure” de l’UE pour empêcher les traversées illégales à l’avenir.
M. Loukachenko a déclaré qu’il ne retiendrait plus les migrants en raison des sanctions imposées après l’élection présidentielle contestée de l’année dernière et la répression des manifestants et des dissidents qui a suivi.
La déclaration des ministres indique que les pays limitrophes du Belarus et d’autres agences de l’UE ont déjà reçu une aide financière et technique pour gérer la crise des migrants, et que d’autres aides pourraient être envoyées si nécessaire.
La ministre lituanienne de l’intérieur, Agne Bilotaite, a déclaré que l’installation d’une clôture et d’un système de surveillance pourrait coûter plus de 500 millions d’euros, et que son pays espérait un soutien de l’UE.
“La Commission européenne a alloué 37 millions d’euros d’aide d’urgence à la Lituanie pour répondre aux besoins immédiats“, a-t-elle déclaré dans un communiqué. “Cependant, dès septembre, la Lituanie a l’intention de demander une aide financière supplémentaire.”
Au total, 4.124 personnes – en grande partie des Irakiens – ont traversé illégalement le territoire lituanien cette année, principalement en juillet, bien que seulement 14 soient entrées entre le 5 et le 17 août, la Lituanie et son voisin la Lettonie ayant commencé à repousser ceux qui tentaient d’entrer.
La Pologne a déclaré mercredi qu’elle avait envoyé plus de 900 soldats pour aider à sécuriser sa frontière avec le Belarus.
Le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, s’est dit “profondément préoccupé” par les refoulements aux frontières et la Croix-Rouge lituanienne a déclaré qu’elle doutait qu’ils respectent les obligations des pays en vertu des traités internationaux relatifs aux droits de l’homme.