Les rapports d’expertise psychologique sont souvent insipides et indigestes. S’il fallait résumer en deux mots celui d’Ilies Zehar, 19 ans, ceux-ci seraient : intelligent et rusé. À l’issue d’un entretien dans les locaux de la police judiciaire de Lille, le spécialiste détecte même une intelligence supérieure à la moyenne chez ce Tourquennois interpellé, chez lui, à l’aube, en juillet dernier.
De Daech, dans ses posts, le prévenu ne parle pas en mal. Bien au contraire. Il légitime même ces attentats anti-français. Le tueur de Samuel Paty est également salué. Quant aux musulmans en général, ils sont appelés à prendre les armes. La présentation des publications réalisées par le suspect est longue. Au tribunal, la présidente Karine Dosio prend son temps, décortique toutes les phrases. Difficile d’y trouver une ambiguïté. En France, l’apologie et la provocation au terrorisme sont des délits. Et le climat n’est pas vraiment propice à la clémence. Après un mois et demi de détention, Ilies Zehar va-t-il se draper dans la tunique de l’idéologue ? Pas du tout.
[…]Le parquet réclame plusieurs années de prison. Me Vanden Bossche plaide, lui, pour un atterrissage en douceur vers la réalité républicaine. Quitte à poser un sursis probatoire au-dessus de la tête de son client et coller les services de renseignement à ses basques. Sanction : 25 mois de prison, dont 12 sous sursis probatoire, avec maintien en détention.