Tout semble prêt. L’affiche de campagne de Marine Le Pen a été débarrassée du logo à la flamme tricolore et sera tirée, selon la direction du Rassemblement national (RN), à 500 000 exemplaires. Qui, à présent, ira la coller partout en France ? Et qui distribuera les tracts ? Si chaque fédération départementale devrait recevoir 5 000 documents en moyenne, nul ne sait « ce qui est prévu pour s’assurer d’une distribution réelle », s’inquiète un cadre national. A la veille de la présidentielle, Marine Le Pen laisse derrière elle un parti en grande souffrance : déçus par les municipales, sonnés par les régionales, nombre de militants du RN n’y croient plus et s’avouent résignés à un nouvel échec.
Si le parti revendique toujours 83 000 « adhérents et sympathisants », ils ne seraient en réalité guère plus de 20 000, selon des sources concordantes, après une dégringolade difficile à enrayer depuis 2017. Mais c’est surtout la fuite des cadres qui préoccupe l’état-major. Les élections intermédiaires, présentées depuis quatre ans comme un marchepied vers l’Elysée, ont été la goutte de trop. Les démissions de responsables départementaux se sont multipliées : ceux du Jura, du Territoire de Belfort, des Deux-Sèvres, de Charente, de l’Ariège, de l’Hérault, du Lot, de la Drôme ont claqué la porte avant l’été, emmenant avec eux une partie de leur équipe. Une vingtaine de fédérations sont en ruine, parfois sans aucun représentant officiel. Si l’Occitanie apparaît comme la région la plus touchée, le phénomène est national. […]