Dans une lettre, Peter Boghossian explique que son université n’est plus un endroit où les jeunes apprennent «à penser».
«Je ne voulais pas que cela se termine ainsi. Mais je me sens moralement obligé de faire ce choix. Pendant dix ans, j’ai enseigné à mes étudiants l’importance de vivre selon ses principes. L’un des miens est de défendre notre système d’éducation libérale contre ceux qui veulent le détruire.»
Tels sont les derniers mots d’un professeur de philosophie qui a présenté sa lettre de démission, considérant que l’université de Portland (Oregon, États-Unis) est devenue non plus un lieu d’apprentissage mais une «Usine de Justice Sociale» où les étudiants «woke» (qui vient de l’anglais woke, «éveillé», un mouvement de pensée qui défend une vision identitaire du monde et caricaturale des questions raciales) ont tout pouvoir.
(…) «Les étudiants de Portland State n’apprennent plus à penser. Plutôt, on les entraîne à mimer les convictions morales d’idéologues. La faculté et l’administration ont renoncé à la mission de l’université: la recherche de la vérité.» Le professeur regrette la conséquence qui en découle: «Une culture de l’offense dans laquelle les étudiants ont désormais peur de parler ouvertement et honnêtement».
Des élèves qui refusent de discuter avec des individus dont l’opinion diverge ; des allégations fausses ; des professeurs accusés de sectarisme après avoir proposé «l’étude de textes canoniques écrits par des philosophes qui se trouvaient être Européens et mâles»… Le professeur énumère une série d’exemples indiquant ce qu’il perçoit comme étant le signe d’une «intolérance idéologique» et regrette l’inaction de l’administration.
De plus, il affirme avoir subi des faits de harcèlement: croix gammées dans les toilettes avec son nom inscrit à côté, situées non loin du département de philosophie. «Ils apparaissaient de temps en temps sur la porte de mon bureau.» Une fois, raconte-il, ce sont des sacs d’excréments qui ont été déposés à l’entrée. «L’université est restée silencieuse.» Peter Boghossian s’est notamment fait connaître lorsqu’en 2018, il a co-écrit une série d’études absurdes publiées dans des revues scientifiques. Ce, afin de dénoncer la dérive de la recherche américaine actuelle.