Cette demeure romaine, baptisée « la maison de la Harpiste » en référence à l’un des personnages peints sur ses murs et fouillée sur 105 m², se distingue par sa datation très précoce, son caractère luxueux et l’état de conservations exceptionnel de ses enduits peints.
Elle est bâtie dans les années 70-50 avant notre ère, avant même la création de la colonie d’Arles, par des artisans venus d’Italie qui vont ériger la maison selon des techniques de construction romaines (murs maçonnés, tuiles, sols en briquettes placées en épis – opus spicatum qui seront généralisés en Gaule bien plus tard, dans les années 30 avant notre ère). Cette datation précoce témoigne qu’Arles était un point de diffusion important des nouvelles modes et techniques à travers les provinces nouvellement acquises à Rome.
De plan traditionnel pour une domus de la fin de la République, son atrium comprend une galerie entourant un bassin recueillant les eaux pluviales (impluvium) et dessert une série de pièces dont deux ont été intégralement fouillées. Le décor de la première pièce suggère une salle à manger ou une chambre. La seconde pièce, largement ouverte sur l’atrium et aux somptueux décors peints, ne peut être qu’une salle de réception.
La maison est détruite entre 50 et 40 avant notre ère et est remblayée par ses propres décombres.
Dans un état de conservation remarquable, les peintures se présentaient à la fois en place sur les murs et en milliers de fragments effondrés dans les niveaux de comblement. Ils remplissent 800 caisses. Dans le cadre d’un partenariat établi dès 2014 avec l’Inrap, l’étude de ce mobilier archéologique a été confiée à Julien Boislève, un toichographologue (spécialiste des peintures murales et des stucs) de l’Inrap, en collaboration avec les archéologues et restaurateurs du Musée. Depuis avril 2021 et pendant trois ans, ces spécialistes se consacrent à l’étude puis à la restauration des peintures exceptionnelles de la maison de la Harpiste…