Parmi leurs plus gros «clients», les mineurs isolés, responsables de près d’un fait sur deux dans les transports en commun.
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Le phénomène des mineurs non-accompagnés (MNA), c’est une délinquance de masse sur notre réseau : en 2021, au moins 40 % de nos mis en cause ont dit être MNA », reconnaît la commissaire adjointe au chef de la Sûreté régionale des transports (SRT).
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Les MNA arrachent aussi des colliers dans les couloirs du métro. « Dans les escaliers, ils arrivent par derrière », reprend ce policier spécialisé. « S’ils sont plusieurs, ils font la méthode du judoka. Ils tapent sur l’épaule de la personne et, en même temps, font une petite balayette pour déséquilibrer les jambes. Un autre en profite pour arracher le collier. Ils ont une technique assez bien rodée. » Souvent, leurs victimes ne sentent rien. Mais lorsqu’ils s’attaquent à des personnes âgées ou d’autres personnes vulnérables, celles-ci peuvent chuter et se blesser
parfois gravement. Lorsqu’ils sont actifs, les mineurs isolés sont souvent drogués au clonazépam, la molécule du Rivotril, un médicament qu’ils surnomment Dame Courage, pour ses vertus désinhibantes. « Résultat, ils ne se rendent pas forcément compte de leur niveau de violence.
Pourquoi cette création ?
Étant donné l’ampleur du réseau, la SRT est à la source de la délinquance francilienne : 20 % des actes s’y déroulent. Nous voyons donc arriver un type de délinquance plus vite que certains arrondissements parisiens. Le phénomène des MNA délinquants, nous l’avons très vite identifié. Cette cellule, composée de trois fonctionnaires, est en réalité la pérennisation d’une expérimentation lancée dès le mois d’octobre 2019. Elle travaille à partir d’un protocole que nous avons initié et qui vise à identifier les MNA délinquants en coopération avec les trois pays du Maghreb — car nous n’avons pas beaucoup de mineurs subsahariens sur le réseau.
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Depuis le début de l’expérimentation, en octobre 2019, nous avons soumis 1 700 demandes d’identification aux trois pays du Maghreb. Aujourd’hui, nous recensons notre 400e MNA identifié. Et sur ces 400 personnes, 94 % ont été identifiées comme majeures. Il s’agit, le plus souvent, de très jeunes majeurs. Pour l’anecdote, cette année, le plus grand écart que nous avons pu constater, c’est celui d’un homme qui déclarait avoir 17 ans, alors qu’il en avait en réalité 30.