Ils ont entre 34 et 62 ans, sont tous inconnus de la justice française. Neuf membres d’une même famille, quatre femmes et cinq hommes installés en Meurthe-et-Moselle et dans l’Oise, et un homme ayant bénéficié de leurs services sont jugés au tribunal judiciaire de Troyes, ces lundi et mardi. Ils sont suspectés d’avoir participé à l’arrivée illégale de migrants turcs au cours des années 2016 et 2017, principalement dans le Grand Est (dont Troyes) mais aussi en Île-de-France et dans les Hauts-de-France. Six d’entre eux sont poursuivis pour blanchiment d’argent lié à ce trafic.
[…]Les écoutes sont très instructives et permettent de comprendre le mode opératoire, identique à tous les membres de la famille : la méthode du « look alike », détaille la présidente, Fabienne Courtillat. Ergul déclare devant le juge d’instruction qu’« en fonction du physique (du migrant), telle ou telle partie de la famille était sollicitée ». « L’objectif était simple, résume le vice-procureur Mickaël Mercier. Le titulaire du passeport partait en Turquie avec d’autres membres de la famille. Un tiers lui ressemblant utilisait le passeport sur le voyage retour. Le titulaire restait en Turquie le temps que le passeport lui soit renvoyé ou qu’on lui rapporte. »
[…]Tous jurent également que chaque couple faisait ça dans son coin. « Chacun était autonome, il n’y avait pas de hiérarchie », avait indiqué Ergul devant le magistrat d’instruction. Car c’est le point-clé de l’affaire. Délits en « bande organisée » ou non ? Existait-il une « filière » ? Le tribunal se prononcera ce mardi après-midi. Les réquisitions vont de 30 mois de prison dont 24 avec sursis pour Ergul à sept mois de sursis simple pour Mehmet, avec des peines d’amende comprises entre 19 000 € et 2 000 €. L’audience reprend à 9 h avec la plaidoirie des avocats de la défense.