« Bac Nord » a rencontré un véritable succès sur la scène politique française. Un écho qui a très fortement déplu à son réalisateur, invité sur France Inter. À quelques mois d’une élection présidentielle au cours de laquelle les thèmes migratoires et sécuritaires s’annoncent majeurs, Cédric Jiminez regrette également que son film soit vu comme un objet politique. Un propos qui détonne dans le paysage audiovisuel français, et qui a largement séduit la classe politique de droite et d’extrême droite.
Depuis sa sortie dans les salles obscures, le 18 août 2021, Bac Nord a connu un succès considérable : plus de 1,6 million de Français sont déjà allés le voir, attirés par l’histoire haletante de trois policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) des quartiers Nord de Marseille. Surtout, l’histoire narrée par la caméra de Cédric Jiminez a fait beaucoup parler d’elle pour le regard acéré, souvent qualifié de lucide, sur la réalité de la criminalité en banlieue — et sur l’impuissance de policiers abandonnés par leur hiérarchie.
« Un film reste un film », a-t-il martelé, ne digérant pas que son histoire évoquant « un fait divers bien particulier » soit devenue, dans la tête de beaucoup, une illustration de « l’ensemble des quartiers Nord ». Dans le viseur du cinéaste, notamment : Marine Le Pen et Eric Zemmour, qui évoquent souvent Bac Nord dans leurs interventions publiques. « Moi je ne suis pas du tout d’accord avec eux, je ne veux pas être associé à eux. Ils ne représentent pas nos valeurs », assure Cédric Jiminez, qui glisse par exemple qu’Eric Zemmour « interprète le film d’une mauvaise façon », de manière à servir « sa campagne pseudo-sécuritaire ». […]
Le Point