Ils voulaient « la paix ». « Ne plus avoir peur la nuit », comme le dit simplement Antoinette. « Les va-et-vient nocturnes et bruyants de ceux qui font commerce de la drogue, la porte du hall qui claque à point d’heure, les coups de pied dans les portes, les squats, le raffut dans les communs n’étaient plus supportables », abonde son compagnon Jacques.
Les retraités craignent à ce point les représailles qu’ils témoignent à visage caché, déclinent leurs seconds prénoms. Pour avoir sermonné « deux gamines de 14 ou 16 ans » qui fumaient un joint dans le hall de l’immeuble, Jacques a retrouvé quelques jours plus tard sa camionnette incendiée. Un lien de cause à effet ? Peu importe. Les retraités préfèrent prendre leurs distances : « la loi de la jungle, très peu pour nous… »
« Je ne fermais plus l’œil de la nuit »
La drogue est à l’origine de leurs maux ; les dealers de leur fuite vers un ailleurs plus paisible. La situation dans cet immeuble de quatre étages, récemment rénové, se dressant au cœur du quartier des Champs-Montants -quartier prioritaire de la politique de la ville- s’est dégradée il y a environ trois mois avec, selon les retraités, l’arrivée « d’individus extérieurs » qui ont fait de cette entrée d’immeuble leur quartier général pour y revendre de la drogue. « Dès que la nuit tombe, l’entrée du collectif est transformée en boutique stupéfiante avec les toxicomanes qui viennent s’approvisionner, les dealers qui actionnent la porte magnétique pour ouvrir à leurs clients, porte qui a d’ailleurs été fracassée », énumère Antoinette. « Je ne fermais plus l’œil de la nuit. L’insécurité était telle, que j’en ai perdu le sommeil… »
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