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Jérôme Fourquet : "Dubaï est une espèce de Miami halal pour une partie des jeunes Français"

25 000 résidents permanents, 138 000 vacanciers entre janvier et août 2021… Dubaï attire de plus en plus de Français pour quelques jours au soleil ou quelques années d’ascension professionnelle. Dans une note à paraître réalisée pour la Fondation Jean Jaurès et dont L’Express dévoile en exclusivité les grandes lignes, Jérôme Fourquet, le directeur Opinion de l’Ifop, analyse en détail le phénomène. Dans l’entretien qu’il nous accorde, il décrypte les ressorts de cette nouvelle passion française, il dessine les contours des “archipels” de la population qui se laissent séduire et rappelle que cet attrait pour ce qu’il appelle un “Miami au pays des 1001 nuits” en dit beaucoup sur notre société française contemporaine et sur sa capacité à intégrer.

Qu’est-ce qui fascine en Dubaï ?

L’attrait pour l’émirat est une illustration de ce qu’avec Jean-Laurent Cassely nous appelons dans notre livre**, le dépôt d’une “couche culturelle orientale” en France, via les communautés maghrébines et turques. Il peut s’agir de pratiques alimentaires (halal, kebab…), de lieux récréatifs (les bars à chicha) et, désormais, des lieux d’inspiration de vacances. Dubaï est relié à cet imaginaire-là.

Autre élément, Dubaï est un modèle d’hybridation, une espèce de “Miami halal” : c’est à la fois le rêve américain, une destination soleil avec une architecture futuriste, sur le modèle “les gratte-ciel les pieds dans l’eau”, la fête, mais dans un cadre non américain et “muslim friendly”.

(…)

Efficace, apparemment….

En effet, mais plus ou moins habile. L’émirat voulait sans doute toucher un public un peu plus large. Quand vous lisez les articles qui fleurissent à propos de Dubaï, vous percevez que ce public est parfois non désiré. Dubaï peut être victime de son succès, avec une population un peu remuante, peu respectueuse des us et coutumes locaux et qui peut poser des questions d’ordre public. Ce n’est pas forcément le public que les patrons de bar, de restaurant ou d’hôtel sont ravis de voir débarquer, mais c’est plutôt cette clientèle-là qui vient. Des Français se sont fait une sale réputation à Dubaï. On a vu naître l’expression “French bad” pour désigner les lascars, les racailles de banlieue. Récemment, un chauffeur de taxi qui y passait ses vacances depuis dix ans m’a dit : “cette année, il y avait trop de racaille”… ! Des affaires récentes ont par ailleurs montrer que d’autres hôtes peu désirables avaient opté pour l’émirat : plusieurs caïds et gros trafiquants de drogue issues des banlieues françaises ont été interpellés à Dubaï.

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