Depuis quatre ans qu’il est en France, ce ressortissant afghan a rarement acheté un ticket pour prendre le tramway. Un œil sur le quai, il a repéré les contrôleurs qui s’apprêtaient à monter à l’arrêt Étoile-Bourse. Afin d’échapper à l’amende, il a bousculé l’agent de la CTS qui se dressait devant la porte du milieu. Pour ne pas envenimer la situation, ce dernier l’a laissé filer, lui faisant simplement remarquer que les coups de pied et de poing qu’il lançait dans la carrosserie étaient filmés.
[…]Les rudiments d’anglais de l’agent qui tentait de le calmer n’ont rien arrangé. « I love you », lui a lancé ce dernier pour lui signifier qu’il ne lui voulait aucun mal. Des mots doux auxquels le voyageur a répondu par des coups de tête en arrière et un flot d’insultes, à tel point que le conducteur a préféré stopper la rame.
« En Afghanistan, on ne fait pas ça »
« Il n’y avait aucun propos à connotation sexuelle », assure l’avocate de la partie civile, Me Alexandra Bentz. « Il a peut-être eu un mot malheureux. Il a voulu dire « on n’a rien contre vous » », traduit la représentante du ministère public, Constance Champrenault. Le psychiatre qui a examiné le prévenu a clairement décelé une peur de transgresser l’interdit culturel et religieux de l’homosexualité. « En Afghanistan, on ne fait pas ça », confirme le prévenu, demandant au contrôleur de lui présenter des excuses.
Abdoulwahab Mirzai a été condamné à six mois d’emprisonnement et maintenu en détention. Déjà sous le coup d’une obligation de quitter la France, il est interdit de séjour dans le Bas-Rhin pendant cinq ans.