Usant d’un discours sans tabous, ni limites, le “polémiste d’extrême droite” fait de la figure de l’immigré et du musulman la cause d’un malheur français et va encore plus loin que Jean-Marie Le Pen dans le racisme ordinaire, avertit, dans une tribune du Monde, Frédéric Salat-Baroux, avocat, ancien secrétaire général de la présidence de la République.
Eric Zemmour n’est pas un produit de « politico-réalité » ni un amateur en politique que l’on pourrait sous-estimer. C’est un idéologue révolutionnaire, qui n’emprunte pas seulement aux années 1930 les thématiques religieuses, mais aussi les stratégies de conquête du pouvoir.
Les Français en ont assez. Ils ont soif d’un récit national et d’autorité. Ils veulent à nouveau pouvoir se rassembler. Par la face noire, Eric Zemmour y répond, s’engouffrant dans l’espace laissé ouvert par une classe politique qui ne croit plus à la force des idées. S’inspirant d’idéologies qu’il connaît bien, il offre une réponse unique à tous les problèmes : l’immigré, le musulman. Comme hier avec le juif, tout devient simple : il faut éliminer celui qui nous submergerait et nous pervertirait.
La stratégie politique est millimétrée. Aucune limite n’est posée à sa réalisation. Eric Zemmour aime et parle d’histoire et fait l’effort de la partager avec le plus grand nombre. Il contraste avec le mépris de classe d’une élite qui continue à penser que le peuple n’aspire qu’à s’abrutir devant les émissions de téléréalité. Ainsi laissé seul à manier le récit national, il en fait une arme de destruction massive.
Pourquoi faire revivre le débat Pétain-de Gaulle, tranché par l’histoire ? Parce que Vichy est le mur infranchissable entre la droite et l’extrême droite. En ravivant la théorie, absolument fausse, du glaive et du bouclier, Eric Zemmour veut diminuer de Gaulle et l’associer à Pétain, bref fonder historiquement le rapprochement des deux droites. […]
Le Monde