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Abreuvés de CNews et « d’informations en continu » par des chaînes promptes à faire la part belle au supposé candidat, souvent retraités (mais pas toujours), les supporters juifs de Zemmour sont sortis du bois depuis que la sauce monte dans les médias — leurs médias. Connaissant sans doute parfaitement la sociologie de son audience, Noémie Halioua, rédactrice en chef au bureau parisien d’I24news, la chaîne pro-israélienne de Patrick Drahi a fait une forme d’allégeance sur le site de Causeur,le magazine d’extrême droite d’Elizabeth Lévy, le 27 septembre. « Depuis plusieurs semaines, à la fin de la prière dans les synagogues consistoriales, la confrontation des idées tourne à l’affrontement voire à l’insulte. Au “T ’as pas honte ? Tu veux voter pour un pétainiste ?!” s’oppose un “Zemmour est notre sauveur, celui que Dieu a mis sur notre route pour nous défendre !” », écrit la journaliste. Pour beaucoup de juifs d’Afrique du Nord issus des milieux populaires, poursuit-elle, « Zemmour incarne “la dernière chance” avant l’exil. Un rempart à la disparition, la perspective d’une vie nouvelle possible qui vaut bien de fermer les yeux sur quelques excès ». Fermer les yeux, tout est dit en somme. (…)

Seconde erreur : ne pas avoir pris la mesure de la faille dans la communauté juive française, estimée à 700 000 personnes. Elle s’est creusée moins sur la question religieuse que sur son positionnement sur Israël. La majorité des juifs de France est préoccupée par l’antisémitisme, mais est divisée sur la politique des gouvernants israéliens de plus en plus à droite, soutenue sans faillir depuis 20 ans par les organisations communautaires. L’extension des colonies, le racisme galopant dans la société israélienne, tout cela ressemble à « un grand remplacement ». L’actuel premier ministre Naftali Bennett n’a jamais caché ses sentiments anti-arabes. Zemmour chante un air connu aux yeux d’une partie de la communauté, très présente dans les institutions culturelles et religieuses et très engagée dans le soutien à Israël, certains vivant à cheval entre les deux pays. « Le monde juif est malade, et il est désespéré », déplore un intellectuel juif de renom qui tient à rester anonyme, pour qui « les contre-discours semblent inopérants ». (…)

« Vous savez, la violence c’est quelque chose à laquelle les gens sont habitués avec Israël, les attentats. La violence verbale de Zemmour ne leur fait pas peur, car elle correspond aussi à ce que l’on entend dans le reste du pays », explique un responsable religieux en région parisienne. « Il dit tout haut ce que certains pensent tout bas », poursuit-il, même si cela l’effraye. « La partie la plus invisible d’ordinaire de la synagogue est celle qui craint le plus les agressions, les religieux se sentent mal, craignent de porter la kippa, ne la portent plus d’ailleurs », complète un cadre communautaire. La difficulté c’est que l’on parle « de ressenti très personnel, poursuit-il. Les gens utilisent les mêmes mots, les mêmes phrases, ont les mêmes raisons que les Dupont, Durand et Martin, parlent du même mal-être. En divaguant sur une France en danger de mort, Zemmour éclabousse tout. Et hélas le fait d’être juif n’évite pas la connerie ». Ces deux hommes très investis dans la vie sociale de la communauté partagent l’inquiétude du rabbin de Levallois-Perret Chalom Lellouche : « La menace est grande et réelle. Il en va de la paix interconfessionnelle, il en va de l’unité nationale, il en va de la France ». (…)

C’est sans doute autour des synagogues que l’affrontement est le plus vif. Pris à parti par le président du CRIF, Zemmour a riposté : « Moi, je suis très populaire quand je vais à la synagogue. Je conseille à Monsieur Kalifat de venir avec moi et on verra qui sera le plus populaire ». Et le 12 octobre, il a même traité Francis Kalifat d’« idiot utile des derniers antisémites qui subsistent en France ». Kalifat lui a promptement répondu : Zemmour est « le juif utile et le nouveau chef de file du révisionnisme dans notre pays. »

Cependant, les propos de Zemmour dénonçant le fait que les enfants victimes de l’attentat de Toulouse (attentat terroriste perpétré en mars 2012 ayant fait sept victimes, dont trois enfants d’une école juive) aient été enterrés en Israël, comme leur assassin Mohamed Merah avait été enterré en Algérie (ce qui est faux, il est inhumé dans la région toulousaine) ont créé un malaise. Déjà, il avait réclamé l’interdiction des prénoms étrangers en France. Un des principaux porte-voix de la droite franco-israélienne, le député Meyer Habib a d’ailleurs ironisé : « Meyer Habib ne pourra plus s’appeler Meyer Habib par exemple ». Mais il a surtout dénoncé des déclarations « honteuses, scandaleuses, dramatiques » sur les sépultures des enfants de Toulouse. Selon notre responsable communautaire, « ses propos sur les enfants juifs victimes de Merah qui ont été enterrés en Israël ne passent pas. Beaucoup de gens ont été très choqués ».

orientxxi.info

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