Bari Weiss : […] Quand je voyageais en Europe, j’étais choquée de voir que tous les endroits de la communauté juive – les synagogues, les écoles, les centres culturels – devaient être protégés. Les lieux religieux ressemblent à des forteresses ! Mais aujourd’hui, aux États-Unis, nous nous habituons aussi à cela. Il n’y a pas un “endroit juif” où je me rends pour faire une conférence dans lequel il n’y a pas un détecteur à métal et souvent des personnels de sécurités armés.
[…]Quand un acte antisémite est commis par un suprémaciste blanc du genre à porter une torche et une casquette rouge “Make America great again”, moralement, la situation est claire. Il y a un oppresseur et une victime. Pour cette gauche, il a ainsi été facile de condamner l’attaque de la synagogue à Pittsburgh.
En revanche, l’édito que j’ai écrit pour le New York Times à la suite d’un Hanouka particulièrement violent en 2019, n’est jamais paru. A Monsey, dans l’Etat de New York, la résidence d’un rabbin a été attaquée. Des juifs se sont barricadés derrière une porte, et l’une des victimes a succombé à ses blessures. C’était une scène digne d’un pogrom dans l’Europe de l’Est. Un supermarché cacher a aussi été attaqué dans le New Jersey, faisant quatre morts. Les assaillants étaient des afro-américains liés aux “Hébreux noirs” (un mouvement qui considère que les Noirs sont les descendants des Israélites de l’Ancien Testament NDLR), qui n’est qu’un groupe haineux. Je me suis rendue sur le lieu des violences le jour suivant, il n’y avait aucun vigile, pas de fleurs en hommage, simplement les juifs de cette communauté nettoyant les débris de verre et me montrant les multiples impacts des balles. Comparez ça à Pittsburgh, qui a suscité une indignation nationale : la différence de traitement était flagrante. Pourtant, la vie des juifs devrait compter pour tout le monde, qu’importe l’identité des agresseurs.
Vous voulez dire que quand il provient d’une autre “minorité”, l’antisémitisme n’est pas considéré comme grave ?
Il suffit de songer à Louis Farrakhan (leader de l’organisation Nation of Islam NDLR), l’un des pires et plus anciens antisémites en Occident. L’année dernière, il a été invité par le rappeur P Diddy lors de notre fête nationale pour faire un discours sur sa chaîne de télévision […] […]
L’affaire Sarah Halimi m’a notamment estomaquée. On a entendu l’assassin crier “Allah Akbar” et “sheitan”. Il a avoué que la vision d’une Torah et d’un chandelier à sept branches chez la victime l’avait “oppressé”. […]