À six mois du premier tour de l’élection présidentielle, la Licra et la revue » Le Droit De Vivre » ont souhaité mieux cerner l’ampleur et les ressorts du nouvel électorat « national-populiste » cristallisé depuis quelques mois par la candidature putative d’Éric Zemmour. Dans l’article ci-dessous, François Kraus, directeur du pôle « Politique / Actualités » à l’Ifop, présent les résultats de cette enquête. Afin de pouvoir évaluer sur des bases solides le profil et les motivations de ses électeurs, l’Ifop a constitué un dispositif d’étude exceptionnel reposant sur le plus gros échantillon – 5 000 Français, soit cinq fois plus que pour les échantillons habituels mis en place depuis que le polémiste est testé dans des sondages d’intentions de vote.
[…]Avec Zemmour, la droite « nationale-populiste » capte désormais les suffrages de plus d’un électeur sur trois.
En comptant les trois candidats « hors système » situés à la droite des Républicains, ce courant de pensée qui s’était réuni en 2017 au second tour dans la « grande alliance patriote et républicaine » rassemblerait en effet plus d’un tiers des suffrages exprimés : 35,5% des électeurs ont actuellement l’intention de voter pour un candidat national souverainiste (Éric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen), alors qu’ils étaient à peine un sur quatre il y a cinq ans lors du premier tour (26,2% en métropole pour Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan). […]
Un électorat déjà solide pour un candidat putatif présent depuis aussi peu de temps dans la course à la présidentielle
Alors même qu’Éric Zemmour n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, son électorat apparaît aussi « ferme » (64%) que les électorats Mélenchon (63%) ou Macron (66%) et largement plus « solide » que ce que l’Ifop peut observer pour des candidats de gauche pourtant officiellement investis par leur parti comme Anne Hidalgo (43%) ou Yannick Jadot (44%). […]
Les électeurs Zemmour : un électorat « interclassiste », beaucoup plus homogène que l’électorat lepéniste
Ainsi, l’animateur de télévision recueille aujourd’hui à peu près autant de voix chez les ouvriers (14%) que chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (16%), de même qu’il obtient à peu près le même score chez les détenteurs d’un 2ème cycle (14%) que chez les électeurs n’ayant pas le BAC (16%). La variable de niveau de vie par unité de consommation montre, elle, que le vote Zemmour serait sensiblement plus répandu dans les milieux aisés (18%) que dans les milieux moins favorisés (13%) mais cela peut s’expliquer aussi par le déficit qu’il enregistre chez des jeunes (10% chez les moins de 25 ans, contre 18% chez les 50 ans et plus) qui sont, généralement, moins riches que la moyenne. […]
Un candidat au « carrefour des droites, captant la frange populaire de la droite classique et les couches supérieures du lepénisme. […]
En revanche, compte tenu du positionnement plus libéral du journaliste du Figaro sur les questions économiques, Éric Zemmour ne parvient pas à capter la frange la plus populaire du lepénisme : l’ex- présidente du RN parvenant à conserver dans son giron l’essentiel de ses ex-électeurs ouvriers (74%) ou employés (71%). L’auteur de « La France n’a pas dit son dernier mot » attire en revanche deux fois plus de lepénistes CSP+ (36%) que de lepénistes ouvriers (18%).[…]