Fdesouche

Le baromètre Voltaire-Ipsos, publié lundi, révèle que 76 % des employeurs sont confrontés quotidiennement aux lacunes de leurs équipes, et que la qualité du français l’emporte désormais sur la connaissance de l’anglais dans les critères de recrutement. Pour 86 % des recruteurs, la maîtrise de l’expression écrite et orale et de l’orthographe est devenue fondamentale, car les fautes des salariés coûtent trop cher à l’entreprise.

Ecrire « développeur » avec un seul « p » sur son CV quand on postule réduit sérieusement les chances d’être embauché, même en période de pénurie de compétences high-tech. « On fait en sorte que les algorithmes comprennent un CV ou une offre d’emploi même avec un seul “p” ou deux “l” à “développeur” », relativise Thomas Allaire, responsable des données chez Hellowork, mais, au moment du choix final, le responsable des ressources humaines est moins tolérant que l’algorithme.

[…] Le français est même devenu un critère de sélection prioritaire sur l’anglais. Quatre-vingts pour cent des recruteurs écartent les candidats ayant une mauvaise qualité d’expression écrite française, quand seuls 30 % rejettent ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare. Réalisé auprès de 2 500 décideurs (RH, recruteurs, manageurs), interrogés en deux vagues en mai et en septembre, le baromètre Voltaire-Ipsos reflète les pratiques des entreprises de taille intermédiaire (ETI), et des petites et moyennes entreprises (PME) de plus de 50 salariés de tous secteurs.

Les recruteurs ont toujours été attentifs au niveau de français. Dès 2011, une étude de Robert Half montrait que 82 % d’entre eux étaient sensibles à l’orthographe et que 35 % mettaient le CV à la corbeille à partir de trois fautes. Puis, en 2016, c’est dès la première faute d’orthographe dans le CV que le candidat était écarté, selon une étude de Christelle Martin-Lacroix, chercheuse de l’université de Toulon. Mais, en 2021, l’évolution de carrière est menacée. « Pour plus de 80 % des employeurs, les fautes de grammaire ou de conjugaison sont rédhibitoires pour accorder une promotion », affirme le baromètre Voltaire-Ipsos.

Et pourtant, les fautes se multiplient dans tous les documents. « Le niveau a fortement baissé ces dernières années, même à la sortie des meilleures écoles. Plus on progresse dans l’entreprise, plus la représentation est importante, et donc la forme. Beaucoup de dirigeants écrivent d’ailleurs plus souvent en anglais, non tant pour un lectorat non francophone que pour éviter des fautes », témoigne Emmanuel Dufour, responsable en recrutement de dirigeants chez Segalen & associés. […]

Le Monde

Fdesouche sur les réseaux sociaux