02/11/2021
[…]Contacté par téléphone, Didier Lemaire confie d’emblée « la souffrance » qu’il a eue à visionner cette série à la fois « d’une incroyable médiocrité » et « intéressante à analyser ». Le professeur de philosophie, actuellement en disponibilité après la polémique autour de Trappes, tient d’abord à se pencher sur le titre de la série, « L’Ecole de la vie », « qui exprime déjà une première confusion, puisqu’il laisse entendre que l’école serait le lieu d’apprentissage de la vie par l’expérience et la pratique, alors que l’école est justement l’inverse, un lieu de transmission du savoir par les livres et l’écrit ». Et d’ajouter : « Philosophiquement, on apprend à vivre… par la vie », tout simplement.
Autre confusion entretenue par la série : l’absence de frontière entre le monde des adultes – « eux-mêmes totalement immatures » – et le mondes des élèves. « Cet effacement des âges, cette absence de frontière entre ces deux mondes, rend l’acte de transmission – par nature vertical – impossible. On nage en plein pédagogisme », explique-t-il, avant de pointer le contenu des cours d’histoires du professeur Vincent Picard. « Il n’y a pas d’enseignement dans ses cours, mais seulement des débats – dont le but est de convaincre son adversaire et non pas d’acquérir une connaissance – ou des ateliers vidéo, comme si la dimension scientifique de la matière était totalement évacuée. »
Plus exactement, relate Didier Lemaire, en référence à l’enseignement sur la colonisation, « dans les cours de Vincent Picard, le bien remplace le vrai, puisque tout est jugement de valeur, dénaturant ainsi la dimension scientifique de sa discipline ». Ce qui n’est, là encore, absolument pas la vocation de l’histoire, « qui consiste à comprendre le passé, avec les normes des hommes du passé, et non pas à condamner le passé avec les normes du présent ». Et d’ajouter, non sans humour : « C’est comme si je faisais de l’astrologie pendant mes cours de philosophie. » Au fond, précise-t-il, « Vincent Picard ne se comporte pas comme un professeur, mais comme un prêtre ou un idéologue. Il dit ce qui est bien et ce qui est mal ». […]
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28/10/2021
MàJ : Au tour d’une scène de ‘Demain nous appartient’