Au sein de la Guillotière, gangrenée par une délinquance croissante, une communauté jusque-là discrète laisse à son tour éclater sa colère. Les Asiatiques installés depuis plus de 30 ans dans le « Chinatown » de Lyon dénoncent la dégradation de leur quartier, autrefois si paisible, et se joignent aux collectifs pour appeler les élus à réagir vite, et fort.
[…]Truong Thai et David Le appartiennent à la deuxième génération. Pères de famille, ils s’inquiètent pour la suivante : « Nous qui avons grandi ici, nous ne laissons même plus nos enfants sortir seuls, ou aller au parc parce qu’il y a des dealers, des seringues… »
La mairie sommée de réagir à court terme
A force de demander des secours qui ne se voient pas, la colère se reporte sur les mairies : « Nous, commerçants, on ne va pas aller se battre avec les délinquants ; on pourrait, mais qui va gagner ? » demande Truong Thai. « Aujourd’hui, à la Guillotière, ce sont des gangs organisés. Si on se défend contre une personne, dix autres arrivent et détruisent votre magasin. Et un magasin, ça ne se déplace pas. Je suis allé manifester, je suis allé rencontrer les élus, mais ils ne proposent que des solutions à long terme. Quand il y a une manif des “gilets jaunes” à Bellecour, les policiers sont tous là, alors pourquoi pas ici ? »
La communauté asiatique lyonnaise, qui se qualifie de discrète et de travailleuse, n’a pas l’intention de baisser les bras. Leurs revendications appuient celles des collectifs et commerçants de la Guillotière : « On demande à la mairie plus de caméras de surveillance, plus de policiers et un meilleur éclairage, car ce quartier est très mal éclairé la nuit », note David Le. « C’est facile à mettre en place, et ça pourrait déjà améliorer les choses. » Si rien n’est fait rapidement, ils pourraient attaquer les élus pour inaction. « On est des calmes, mais on ne se laissera pas faire, on veut se battre », assure Truong Thai. « Parce que personne ne quittera le navire. »