20/11/2021
Un convoi militaire français bloqué à l’entrée de la ville de Kaya, des manifestants soupçonnent les forces françaises de soutenir les groupes armés terroristes
Depuis jeudi soir 18 novembre, les jeunes de la ville de Kaya, dans la région du Centre-Nord, manifestent pour demander le départ des troupes françaises du Burkina. Ils refusent de laisser passer un convoi militaire française qui doit rejoindre le Niger. Ces véhicules avaient déjà été bloqués à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou.
Les manifestants soupçonnent les forces françaises de soutenir les groupes armés terroristes. Sayouba Ouédraogo, un habitant de la région du Centre-Nord, dit ne pas comprendre que le Burkina Faso soit attaqué de toute part sans que l’armée française n’intervienne, malgré les accords qui lient les deux pays. « On ne sait pas ce qu’il y a dans les contenants : des motos, des munitions, des armes… Nous ne le savons pas. Nous voulons que l’armée française se replie. Nous ne les voulons plus sur notre sol. Qu’ils repartent avec leur matériel. Parce que quand ils passent, les attaques sont plus fréquentes. Donc, ça veut dire qu’ils sont en complicité avec ces terroristes qui, après avoir été ravitaillés, perpétuent encore les attaques. »
Boukaré Ouédraogo, le maire de Kaya estime qu’aujourd’hui les manifestants qui bloquent le convoi français sont plusieurs milliers. Leurs rangs ont été gonflés par des jeunes venus des villes alentour, ainsi que les élèves des écoles de Kaya. « Les établissements scolaires sont vides », explique-t-il.
#BurkinaFaso le convoi #Barkhane arrêté à #Kaya par des manifestants // un des manifestants s’exprime en français face aux militaires en faction autour du convoi aux arrêts sur la route pic.twitter.com/TVx3gFUYrf
— Wassim Nasr (@SimNasr) November 19, 2021
Difficile pour les autorités administratives locales de négocier avec les manifestants. « C’est une foule cosmopolite venue de partout sans un porte-parole unique » confiait un habitant de Kaya. Jeudi soir et tôt ce vendredi matin, le gouverneur de la région Centre-Nord et le maire de la ville ont tenté de mettre en place une médiation, mais sans succès. La jeunesse de Kaya, qui s’est mobilisée spontanément, reste inflexible : il faut que les militaires français partent, hors de question qu’ils traversent la ville.
[…]19/11/2021
Attaque djihadiste meurtrière au Burkina Faso
Au Burkina Faso, la colère gronde dans la rue et les casernes depuis l’attaque du poste de gendarmerie d’Inata, dans le nord du pays, survenue dimanche 14 novembre. Menée, selon des sources sécuritaires, par les combattants d’Ansaroul Islam, un groupe terroriste proche du Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida), elle a fait 53 morts – 49 gendarmes et 4 civils – selon un bilan revu à la hausse mercredi par le gouvernement burkinabé. Il pourrait encore s’alourdir alors qu’une cinquantaine d’hommes manquaient encore à l’appel jeudi.
Depuis le début de l’expansion djihadiste au nord du Burkina Faso en 2016, jamais les forces de défense et de sécurité n’avaient été aussi meurtries. Mardi, des centaines de manifestants ont battu le pavé dans plusieurs villes du pays pour protester contre un gouvernement jugé incapable d’enrayer le terrorisme, certains allant jusqu’à réclamer le départ du président Roch Marc Christian Kaboré, au pouvoir depuis fin 2015 et réélu fin 2020.
[…]Mais la colère est principalement dirigée contre les autorités. Six ans après le début des violences, « nous en sommes à plus de 2 000 morts, 1,5 million de déplacés, 4 000 écoles fermées, énumère Marcel Tankoano, cadre du Mouvement populaire Sauvons le Burkina Faso. Notre pays est en train de devenir un no man’s land. Nous en avons marre de nous faire massacrer sans que le gouvernement agisse. Nous l’avons interpellé, en vain. Aujourd’hui, nous sommes obligés d’appeler à la désobéissance civile ». […]