Prôné par les tenants de la théorie raciste et conspirationniste du « grand remplacement », ce terme de propagande, utilisé pour la première fois en public en 2014 par le Bloc identitaire, désigne l’expulsion hors de France de plusieurs millions de personnes.
Histoire d’une notion. Introuvable dans les dictionnaires, le terme « remigration » n’en est pas moins une ressource lexicale en vogue à l’extrême droite. Désignant le retour des immigrés et de leurs descendants dans leur pays d’origine, elle est d’abord un terme propagandiste, euphémisant le fantasme d’extraire des millions d’êtres humains du pays où ils vivent. Ainsi, la revue d’extrême droite Réfléchir & Agir, qui en examine dans son dernier numéro les modalités « techniques », illustre son titre, « La nécessaire remigration », d’une image de paquebot.
(…) « Il apparaît comme la conséquence de l’idée qu’il existerait sur le sol français des gens qui, du fait de leur origine extra-européenne, ne seraient pas assimilables, commente Jean-Yves Camus, codirecteur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès. La remigration est faussement présentée par ses promoteurs comme une séparation à l’amiable, seule susceptible d’éviter le bain de sang d’une guerre civile. » Encore faudrait-il que les personnes visées, en majorité de nationalité française ou étrangers en situation régulière, ainsi que les pays de destination, soient d’accord avec cette proposition « amiable »…
Le premier usage public marquant du terme a été le fait du mouvement d’extrême droite Bloc identitaire (rebaptisé Les Identitaires depuis 2016) lors de ses« Assises de la remigration », le 15 novembre 2014 à Paris. Devant plusieurs centaines de participants était notamment intervenu Renaud Camus, qui s’attristait que Marine Le Pen ait pu, quelques jours auparavant, juger que le concept de « grand remplacement » relevait d’une « vision complotiste ».