La situation est tendue depuis hier nuit à Téra, dans la région de Tillabéri, suite aux heurts qui opposent les Forces de Défense et de Sécurité à des manifestants qui s’opposent au passage d’un convoi militaire de la force française Barkhane, en provenance du Burkina et à destination de Gao au Mali. Après une nuit très agitée, les affrontements ont continué ce samedi matin et des sources locales annoncent la mort d’au moins deux personnes ainsi qu’une dizaine de blessés dont des cas graves.
Malgré l’important dispositif mis en place par les FDS nigériens pour sécuriser le passage des soldats français, la tension est vite montée dans cette ville frontalière du Burkina où le convoi militaire qui était en route pour le Mali en passant par le Niger, a été également bloqué pendant plusieurs jours notamment à Kaya.
Les manifestants, pour la plupart des jeunes, ont érigé des barricades avec des pneus usagers sur la voie principale qui traverse la ville. « On ne veut pas de vous!», « rentrer chez vous !», sont, entre autres, les slogans scandés par les manifestants qui étaient face-à-face avec les premiers véhicules du convoi composé d’une centaine de véhicules.
Dans la nuit, les premiers heurts ont éclaté avec les forces de sécurité qui essayaient de dégager la voie et de contenir l’assaut des manifestants. En plus des jets de gaz lacrymogènes et autres fumigènes, des témoins contactés sur place ont confirmé des tirs de sommation à balles réelles. Avec la confusion qui règne depuis, il est presque impossible de déterminer avec exactitude la provenance de ces tirs car plusieurs corps sont présents à Téra aux cotés des soldats français.
Malgré les appels au calme et le renforcement du dispositif sécuritaire, les affrontements se sont poursuivis ce samedi matin où la tension est montée d’un cran. Des blessés ont été enregistrés ainsi que des morts selon plusieurs sources concordantes mais non officielles et qui ont fait parvenir aux médias des images des victimes en cours d’évacuation. En milieu de journée, ces sources annoncent la mort d’au moins deux personnes qui seraient tuées au cours de la manifestation mais dans des circonstances encore floues.
Sur les réseaux sociaux, de tragiques images qui témoignent de la violence des affrontements sont partagées en boucle alors qu’en mi-journée, la situation est toujours tendue.
Les autorités n’ont pas encore officiellement réagi mais dans un message diffusé la veille au soir sur les médias publics, le Président Mohamed Bazoum a justifié la présence des forces étrangères notamment les soldats français dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel. « C’est notre pouvoir régalien, c’est notre responsabilité, sous-tendue par notre éthique, au sujet desquelles, nous ne demandons l’avis de personne, sinon que notre propre conscience », avait expliqué le Chef de l’Etat par rapport à cette présence qui participe à la montée en puissance de l’armée nigérienne à travers notamment la formation des forces spéciales, a-t-il précisé. « Nous sommes reconnaissants à la France de ce qu’elle fait pour sécuriser le Sahel », a aussi déclaré le président nigérien en réponse certainement à ceux qui demandent le départ des soldats français du Niger.