Devant les grilles du campus de Jussieu, à Paris, trois petits groupes d’étudiants distribuent des tracts à la volée et s’ignorent ostensiblement. Militants de l’UNI, de la FAGE et de l’UNEF, ils tentent d’inciter les jeunes à voter, ce jour même, pour leurs représentants dans les conseils de Sorbonne Université. Cette année, c’est une première : le scrutin est organisé par voie électronique. Mais « ce n’est pas gagné », soupire, propagande à la main, Arnaud Bichet, inscrit sur une liste affiliée à la FAGE. Il jette un coup d’œil sur son téléphone, qui lui donne les résultats de la participation en direct. « Là, il est 14 heures et on est à peine à 1 % de votants… » Au terme des deux jours du scrutin, seuls 6 % des inscrits auront pris part au vote… Le taux de participation des enseignants, lui, dépasse les 60 %.
La plupart des jeunes croisés ce jour de novembre sont bien au courant de ces élections. « On a reçu des tonnes de mails », assurent-ils. Mais beaucoup ne se sentent pas concernés. Professions de foi pas toujours très claires, instances dont les rôles sont complexes à déchiffrer (conseil de faculté, commission vie étudiante, commission recherche, conseil d’administration…), sentiment de n’être que de passage à l’université, impression que « cela ne sert à rien ” (…)